« bronze », définition dans le dictionnaire Littré

bronze

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

bronze

(bron-z') s. m.
  • 1Airain, alliage de cuivre et d'étain connu depuis la plus haute antiquité ; les proportions des deux métaux varient selon la destination de l'alliage. Une colonne de bronze. Les canons sont faits de bronze. Quel colosse de bronze et taillé doctement…, Tristan, M. de Chrispe, I, 3. La tyrannie… Monstre aux bouches de bronze, arme pour cette guerre Ses cent yeux, ses vingt mille bras, Chénier, 251.

    Fig. Avoir un cœur de bronze, être dur, insensible. âmes de bronze, humains ! celui-là fut sans doute Armé de diamant, qui tenta cette route, Et le premier osa l'abîme défier ! La Fontaine, Fabl. VII, 12. Ah ! si ton cœur pour moi n'est de bronze ou de fer, Molière, l'Étourd. III, 12. Le ciel ne m'a point fait l'âme de bronze, Molière, l'Av. IV, 1. J'étais de bronze pour tous ces esclaves qui vivaient sous mes lois, Montesquieu, Lett. pers. 15. Malheur à l'homme de bronze qu'elle ne fléchit pas, Diderot, Sur les caract. Un charme qui fait tomber les portes de fer et qui amollit les cœurs de bronze, Voltaire, Ingénu, 18. Ces affreux préjugés qu'ils appellent devoir Ont sur ces cœurs de bronze un absolu pouvoir, Voltaire, M. de Cés. I, 1.

  • 2Toute sculpture en bronze. Un beau bronze. Que de cristaux, de bronzes, de colonnes, Tributs de l'amour à l'amour, Béranger, Pauv. femme. [Henri !] Tout un peuple a voué ce bronze à ta mémoire, Hugo, Odes, I, 6.

    Les courtisans du cheval de bronze, s'est dit de filous qui se rassemblaient sur le pont Neuf, près de la statue d'Henri IV.

  • 3 Terme de numismatique. Monnaie des anciens frappée en bronze. On divise les anciennes monnaies en médaillons, grand bronze, moyen bronze, et petit bronze.

    Dans le langage de l'archéologie, bronze désigne aussi bien le cuivre pur que le cuivre allié.

  • 4 Poétiquement, canons. Aux accents du bronze qui tonne La France s'éveille et s'étonne Du fruit que la mort a porté, Lamartine, Méd. I, 15. Folard, parvenu à sauver quelques bronzes, les place sur un tertre découvert, Chateaubriand, Natch. II, 12.
  • 5Bronze jaune ou or en coquille, oripeau d'Allemagne réduit en poudre.

    Bronze mou, voy. MOU.

REMARQUE

Bronze, féminin au XVIe siècle, a été longtemps d'un genre indécis.

HISTORIQUE

XVIe s. En la mortaise interieure, estoyt une lame de fin assier, enclavée sur la bronze corinthienne, Rabelais, Pant. V, 37.

ÉTYMOLOGIE

Espagn. bronce ; ital. bronzo ; napol. avrunzo ; bas-lat. bronzium. Muratori, que Diez approuve, le tire de bruno, brun, par l'intermédiaire d'un dérivé brunizzo, bruniccio, avec déplacement de l'accent. Ce déplacement d'accent fait quelque difficulté ; aussi peut-on penser au bas-latin bruntus, qui se trouve dans les gloses d'AElfricus avec le sens de livide.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

BRONZE. Ajoutez :
6 Bronze acier, bronze à huit pour cent d'étain, coulé dans une épaisse coquille en fonte et autour d'un noyau en cuivre rouge ; il est dû au colonel autrichien Von Uchatius, Journ. offic. 1er janv. 1875, p. 13, 1re col.
7Le bronze moderne n'a pas la même composition que le bronze ancien ; le zinc y remplace l'étain. Il faudrait remonter à Keller pour retrouver le bronze véritable ; le mot générique de bronze a été conservé ; mais, à partir de l'époque de Louis XIV inclusivement, il n'y a plus eu, en réalité, qu'un alliage se rapprochant du laiton, Enquête, Traité de comm. avec l'Angl. t. II, p. 142.

ÉTYMOLOGIE

Ajoutez : M. Rossignol le tire de brunum aes, dit au lieu de aes nigrum, χάλϰος μέλας, cuivre noir ou bronze ; dans le bas-grec, πόρτας προύτζινες, portes de bronze.