« calomnie », définition dans le dictionnaire Littré

calomnie

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

calomnie

(ka-lo-mnie) s. f.
  • 1Imputation que l'on sait fausse, et qui blesse la réputation et l'honneur. C'est une noire calomnie. Repousser une calomnie. Les calomnies qu'on imposait aux chrétiens, Bossuet, Hist. I, 10. Pour vous voir vous laver de cette calomnie, Molière, Mis. V, 4.
  • 2 Absolument, les calomniateurs. Être en butte à la calomnie. J'inventai des ressorts, j'armai la calomnie, Racine, Esth. II, 1. Rois, chassez la calomnie, Racine, ib. III, 3. Pour faire une œuvre grande Qui de la calomnie et du temps se défende, Régnier, Sat. IX. Il n'est pas mal de couper une tête de l'hydre de la calomnie dès qu'on en trouve une qui remue, Voltaire, Lett. Damilaville, 8 nov. 1762. La calomnie ! Monsieur, vous ne savez guère ce que vous dédaignez ; j'ai vu les plus honnêtes gens près d'en être accablés ; croyez qu'il n'y a pas de plate méchanceté, pas d'horreurs, pas de conte absurde qu'on ne fasse adopter aux oisifs d'une grande ville, en s'y prenant bien… D'abord un bruit léger, rasant le sol comme une hirondelle avant l'orage… telle bouche le recueille, et, piano, piano, vous le glisse en l'oreille adroitement ; le mal est fait : il germe, il rampe, il chemine, et, rinforzando, de bouche en bouche, il va le diable ; puis tout à coup, ne sais comment, vous voyez la calomnie se dresser, siffler, s'enfler, grandir à vue d'œil ; elle s'élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription, Beaumarchais, Barbier de Sév. II, 8.

HISTORIQUE

XIe s. Jetez moi [sauvez-moi] hui de mort e de calunge, Ch. de Rol. CCLXVI.

XVe s. Sans aucune fraude ou calomnie de verités, J. le Fevre de St-Remy, Hist. de Charles VI, p. 39, dans LACURNE. Liqueur, chere amie, Pour la calomnie, Ne crains point qu'aucunement à jamais ; je t'oublie, Basselin, X.

XVIe s. Tant qu'il fust present, il vint toujours au dessus de ses calumniateurs autant qu'il voulut, et n'eurent leurs calumnies aucun effet encontre luy, sinon pendant qu'il fut absent, Amyot, Alc. et Cor. comp. 6. Lorsque le juge aura soupçon que le procureur use de cavillation, il pourra d'office, en quelque estat que la cause soit, exiger de lui le serment de calomnie, de sorte que, si après le dit serment le procureur estoit trouvé calomniateur, il seroit puni comme parjure, Nouveau coustumier général, t. I, p. 721.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. calonja, calumpnia ; espagn. calumnia ; ital. calonnia ; de calumnia. Calomnie est un mot refait sur le latin ; l'ancienne forme est calenge, chalenge, reproche, défi (d'où l'anglais challenge, défi, provocation), avec l'accent tonique sur la même syllabe qu'en latin (calúmnia).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CALOMNIE. - HIST. XVIe s. Ajoutez : … Que, au prealable… tu ne sois deuement et canoniquement purgé de calomnie et conseil [purgé de l'imputation d'avoir calomnié et d'avoir besoin d'un conseil judiciaire], Œuvres facétieuses de Noël du Fail, Paris, 1874, t. II, p. 214.