« celer », définition dans le dictionnaire Littré

celer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

celer

(se-lé. La syllabe ce prend un accent grave devant une syllabe muette : je cèle ; je cèlerai ; mais, par une inconséquence singulière, l'Académie qui écrit celer, écrit recéler, et au futur je recélerai. On remarquera aussi l'anomalie qu'il y a à écrire, dans un cas tout semblable, je cèle, et j'appelle ; il faudrait suivre une règle uniforme) v. a.
  • 1Dérober aux yeux, à la connaissance. Si dom coursie voulait Ne point celer sa maladie, Lui loup, gratis, le guérirait, La Fontaine, V, 8. Je ne vous puis celer que son ordre m'étonne, Corneille, Cinna, I, 4. À ne vous rien celer…, Molière, Éc. des maris, I, 1. Récit menteur ! soupçons que je n'ai pu celer ! Racine, Baj. IV, 1. Soupirs d'autant plus doux qu'il les fallait celer, Racine, ib. I, 1.
  • 2Se faire celer, refuser sa porte. C'est une fort mauvaise politique de se faire celer aux créanciers, Molière, Festin, IV, 3. Il faut absolument qu'il se fasse celer, Racine, Plaid. I, 7. Glycère se fait celer pour les femmes, La Bruyère, III.
  • 3Se celer, v. réfl. Être celé. Un grand contentement malaisément se cèle, Régnier, Sat. XI. Et votre heureux larcin ne se peut plus celer, Racine, Ath. I, 2.

HISTORIQUE

XIe s. La traïson ne puet estre celée, Ch. de Rol. CXI.

XIIe s. Que vous ferez ceste dolor celer, Roncis. 158. Ne tout [je] ne coil mon cuer, ne tout [je] nel di, Couci, VII. Ne vus en sai mustrer sun quer ne sun pensé, Mais à cels del conseil ne l'a il pas celé, Th. le mart. 42. Respundi li reis : ne me ceile pas ço que je te demanderai, Rois, 170.

XIIIe s. Que ceste chose soit si teüe et celée, Berte, XVI. Qui sui et qui je quier, jà ne vous ert [sera] celé, ib. XLV. Mais que Floires nel coile mie, Que tot son engien ne lui die, Fl. et Bl. 3015. Tantost se sont el bois alé Tot coiement et à celé, Lai de Melion. Mès vers la gent très bien te cele, Et quiers autre achoison que cele Qui cele part te face aler ; Car c'est grant sens de soi celer, la Rose, 2399. Or te lo [je te conseille], et veil [je veux] que tu quieres Un compaignon sage et celant, à qui tu dies ton talent, ib. 2699. Mais se li procureres derrain se taist ou choile se [sa] procuration, Beaumanoir, 34.

XIVe s. Celer teles choses, c'est fait de paoureux et de couart, Oresme, Eth. 124.

XVe s. Je vous di, sans que plus le celle…, Orléans, Bal. 33.

XVIe s. C'est ce qui le fit resoudre de se faire celer, commandant que l'on repondist qu'il y avoit longtemps qu'il estoit sorti, Mém. s. du G. 29. Celer les vices des rois, Montaigne, I, 13. Ils luy celerent les deux articles precedents, Montaigne, I, 59. Ce qui a esté fié à mon silence, je le cele religieusement, Montaigne, III, 241. Jamais le front ne celle le souci De triste cœur que l'amour a transi, Ronsard, 616.

ÉTYMOLOGIE

Picard, chéler ; provenç. celar, selar ; espagn. celar ; ital. celare ; du latin celare. On en rapproche le celtique : kymri, cel ; gaél. ceal, cacher.