« céleste », définition dans le dictionnaire Littré

céleste

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céleste

(sé-lè-st' ; au XVIe siècle, d'après Palsgrave, p. 63, on ne prononçait pas l's) adj.
  • 1Du ciel. Les espaces célestes. Les globes célestes.

    Poétiquement. Les célestes flambeaux, les astres. La voûte céleste, l'espace illimité qui paraît sous forme de voûte.

    Harmonie céleste, harmonie que quelques philosophes anciens avaient pensé être produite par le mouvement des astres, sans être perceptible à notre oreille.

    En astrologie, thème ou figure céleste, synonyme d'horoscope.

    Bleu céleste, bleu qui est de la couleur du ciel vu par un temps serein.

  • 2En considérant le ciel comme séjour des bienheureux, la gloire céleste, les esprits, les puissances célestes. La céleste patrie, le paradis. Le Père céleste, Dieu.
  • 3Dans les idées païennes, en considérant le ciel comme le séjour des dieux. Les célestes lambris, le palais des dieux. La troupe céleste, les dieux de l'Olympe. Le souverain pouvoir de la troupe céleste, Corneille, Hor. IV, 1.
  • 4Divin, qui vient de Dieu ou, dans les idées païennes, des dieux. Don céleste. Détestables flatteurs, présent le plus funeste, Que puisse faire aux rois la colère céleste, Racine, Phèd. IV, 6. Objet infortuné des vengeances célestes, Je m'abhorre encor plus que tu ne me détestes, Racine, ib. II, 5. Mais, au milieu de ces célestes douceurs, la justice divine eut son tour, Bossuet, Anne de Gonz. … Cet enfant l'objet du céleste courroux, Voltaire, Œd. IV, 1. Les animaux périr ! Car encor les humains ! Tous avaient dû tomber sous les célestes armes, La Fontaine, Phil. et Bauc. Que le plus coupable de nous Se sacrifie aux traits du céleste courroux, La Fontaine, Fab. VII, 1.
  • 5 Fig. Plus qu'humain. Beauté, âme, regard céleste. Et lorsqu'on vient à voir vos célestes appas, Molière, Tart. III, 3.

    Terme de musique. Voix céleste, se dit d'un registre de l'orgue qui produit des sons doux et voilés.

  • 6Sœurs célestes, ou sœurs de l'Annonciade, religieuses d'un ordre qui fut fondé en 1604 et qui professa la règle de Saint-Augustin ; elles sont vêtues de blanc, leur scapulaire est bleu et leur manteau de même.
  • 7Le céleste empire, nom que les Chinois donnent à leur empire.

HISTORIQUE

XIe s. Hoi [je] te coman [recommande] au glorieus celeste [Dieu], Ch. de Rol. CLXIV.

XIIe s. Lor ames soient en la celeste vie, Roncisv. 154. Deus est celestiex, e sa lei ensement, Th. le mart. 29. Car ki volt à la gloire celestiel partir [avoir part] …, ib. 79. Bethsames, cest num espelt [signifie] cité de soleil, e signefie la cité de la celestiel Jerusalem, Rois, 22.

XIIIe s. Paradis est celestiaus, Mès n'est mie à toz conmunaus, Ren. 6773. Dont ge jur Dieu le roi celestre, la Rose, 9052. En esperance d'avoir les biens celestiens, Beaumanoir, XLIX, 6.

XVe s. Sur quoy povons noter estre les plus suppellatifz biens les celestielles choses comme perpetuelles, Christine de Pisan, Ch. V, I, 4. Et pour ce, enfans, soyez tous avoyez De rendre loy à Dieu celestieulx, Coquillart, Ball. Paix de Reims.

XVIe s. En la celeste et beatifiée Hierusalem, Rabelais, Garg. I, 10. Le bleu signifie certainement le ciel et choses celestes, Rabelais, ib. Toutes creatures tant celestes que terriennes honnorent sa majesté, Calvin, Instit. 402. Aussi de ce que nous sommes resuscitez avec Christ, il infere qu'il nous faut cercher les choses celestielles, Calvin, ib. 400. Or m'ont les dieux celestes et terrestres Tant fait heureux…, Marot, I, 222. Il se couvre de pretieux habits, arbore un panache d'oiseau celeste avec une enseigne de gros diaments, D'Aubigné, Hist. I, 237. Une taye, laquelle est quelquesfois blanche, noire, celeste, cendrée ou livide, Paré, XV, 20.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. espagn. et ital. celeste ; de coelestis, de coelum (voy. CIEL). On disait aussi dans l'ancien français celestien et celestiel ou celestial.