« coiffer », définition dans le dictionnaire Littré

coiffer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

coiffer

(koi-fé) v. a.
  • 1Couvrir la tête d'une coiffe.

    Couvrir la tête d'une coiffure quelconque. Coiffer les grenadiers d'un bonnet à poil.

    Friser, natter les cheveux. Coiffer une femme en cheveux.

    Coiffer sainte Catherine, rester fille. Ste Catherine étant la patronne des demoiselles, on dit que la demoiselle qui ne se marie pas lui met la première épingle à vingt-cinq ans, la seconde à trente ; et à trente-cinq la coiffure est finie.

    Absolument. Ce perruquier coiffe bien.

  • 2Orner, parer la tête. Cette couronne de bluets la coiffe à merveille.
  • 3Mettre, jeter sur la tête. On le coiffa d'un seau d'eau. On renversa la table, on coiffa d'un potage le pauvre Vine-ville qui n'en pouvait pas davantage, Retz, III, 6.
  • 4Coiffer une bouteille, mettre une enveloppe par-dessus le bouchon.
  • 5 En termes de mécanique, coiffer la chèvre, fixer sur la coiffe de cette machine le câble qui sert à soulever les objets.
  • 6Coiffer un livre, en arranger le cuir à chaque extrémité du dos.
  • 7 Terme de vénerie. Happer le sanglier aux oreilles en parlant d'un chien.

    Par extension. Le tigre ne peut coiffer le rhinocéros sans risquer d'être éventré.

  • 8Infatuer. Les beautés qu'une prévention aveugle avait coiffées du mérite de Germain, Hamilton, Gramm. 6. Il s'était laissé coiffer de chimères et de visions, Hamilton, ib. 10.
  • 9 Familièrement, enivrer. Il est aisé à coiffer. Quel est le cabaret honnête Où tu t'es coiffé le cerveau ? Molière, Amph. III, 2.
  • 10Coiffer son mari, en parlant d'une femme, lui être infidèle. [Perruquier] prétendant n'avoir point coiffé de jolies femmes dont il n'eût coiffé les maris, Rousseau, Conf. III.
  • 11 V. n. Terme de marine. On dit qu'un navire coiffe, lorsque le vent vient frapper les voiles par l'avant.
  • 12Se coiffer, v. réfl. Porter comme coiffure. Les Turcs se coiffent d'un turban.

    Se coiffer en cheveux, ou avec ses cheveux, n'avoir aucun ornement dans les cheveux arrangés en coiffure.

    Se couvrir la tête, en parlant d'un homme. Coiffez-vous.

    Arranger sa coiffure. Elle met un temps infini à se coiffer.

  • 13 Terme de marine. Les voiles se coiffent, quand elles se collent aux mâts.
  • 14S'enivrer. Cet homme se coiffe souvent.
  • 15S'infatuer. Fille se coiffe volontiers D'amoureux à longue crinière, La Fontaine, Fabl. IV, 1. Faut-il de ses appas m'être si fort coiffé ? Molière, École des f. III, 5. C'est un bonheur de n'être point sujette à se coiffer d'un de ces oisons-là, Sévigné, 239. Comment ce garçon s'était coiffé d'un visage à faire peur, Hamilton, Gramm. 10. Si on y songe trop, on s'entête et on s'en coiffe, Pascal, Disp. 3. L'inquiétude Dont Damon s'est coiffé si malheureusement, La Fontaine, Coupe. Elle se coiffait de toute sa force en faveur de Matta, Hamilton, Gramm. 4. Il est difficile de comprendre comment M. de Turenne s'en coiffa [de M. Boucherat], Saint-Simon, 69, 132.

HISTORIQUE

XIIIe s. [La femme] Or est lavée, or est peigniée, Or est coifée, or est tressiée, Contenance des femmes.

XVIe s. [Vénus] Le transmit [un chapeau de roses] à son cher enfant, Qui de bon cœur le va coiffant, Marot, I, 74. Toutes choses qui sont coiffées, Ont moult de lunes en la teste, Marot, II, 128. Je crois que vous eussiez pris une chevre coiffée pour une belle fille, Marguerite de Navarre, Nouv. VIII. Qui fut oncques plus coiffé de femmes que lui de Messaline ? La Boétie, 71. Alors les matrones presagent que l'enfant est heureux, par ce (disent-elles) qu'il est né coiffé, Paré, XVIII, 16. Dirai-je encore de tel qui est coiffé et meurt pour une qu'il sçait estre laide, vieille, souillée…, Charron, Sagesse, I, 38. Nous nous suyvons à la piste, voire nous nous pressons, eschauffons, nous nous coiffons et investissons les vices et passions les uns aux autres, Charron, ib. II, Préface. La table est desjà coiffée [servie], Contes de CHOLIÈRES, f° 66, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Coiffe ; bourguig. couiffay, coiffé.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

COIFFER. Ajoutez :
16Prendre pour coiffure, mettre sur sa tête. À peine Proterius avait-il reçu l'imposition des mains et coiffé cette tiare adoptée depuis Cyrille…, Am. Thierry, Rev. des Deux-Mondes, 1er avr. 1872, p. 522.