« coi », définition dans le dictionnaire Littré

coi

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

coi, coite

(koi, koi-t') adj.
  • 1Qui se tient là sans se remuer, sans rien dire. Il était coi près du feu. Le bon sire le souffre et se tient toujours coi, La Fontaine, Fabl. III, 4. Dans les visites qui sont faites, Le renard se dispense, et se tient clos et coi, La Fontaine, ib. VIII, 3. Tenez-vous coi, La Fontaine, Rém. Il souffre en silence et se tient coi, Rousseau, Ém. I.

    Chambre coite, chambre bien fermée et bien chaude. Cette locution a vieilli.

    Adv. Lors le manant les arrêtant tout coi [tout à coup], La Fontaine, Vill. Sur ce propos l'autre l'arrête coi, La Fontaine, Serv.

  • 2Où règne le repos. Ces fertiles vallons, ces ombrages si cois, La Fontaine, Joc. Qui préférait à la pompe des villes Vos antres cois, vos chants simples et doux, La Fontaine, Épître v. Sous les ombrages toujours cois De Sully, ce séjour tranquille, Voltaire, Lett. en vers et en prose, 7.

    Substantivement. Sur le coi de la nuit, La Fontaine, Cloch. Locution qui vieillit.

HISTORIQUE

XIe s. Por Pinabel [ils] se contienent plus quei, Ch. de Rol. CCLXXVII.

XIIe s. L'empereor ferez ster à son coi, Ronc. p. 27. Je trop redout [redoute] celle qu'amer [je] souloie, La grant, la gente, et la simple et la coie, Couci, p. 125. Mout me semont amors que je m'envoise [m'égaye], Quant je plus doi de chanter estre cois, Quesnes, Romancero, p. 83. Bele Yolans en chambre coie Sur ses genouz pailes desploie, Coust un fil d'or, l'autre de soie, ib. p. 53. Courtois ameor, Qui à sejor [en repos] Gisez en chambre coie, ib. p. 68. Lireis de Egypte se tint tut coi en sa terre, Rois, 432.

XIIIe s. Et quant Grieu les virent venir, si ordenerent leur batailles, et les atendirent tuit coi devant leur paveillons, Villehardouin, LXV. Mout [elle] fu taisant et quoie, Berte, CXVII. Et il me dit : tenez-vous tout quoy ; car je vous weil demander…, Joinville, 256. La mer, qui estoit moult quoye, Joinville, 287.

XVe s. Et conviendroit qu'ils [les Escots] se combatissent à leur meschef, ou ils demeureroient tous coys en Angleterre pris à la trappe, Froissart, I, I, 36. Adonc fit-on arrester l'ost tout coi pour avoir autre conseil, Froissart, I, I, 41. Le roi Charles de France fut durement sage et subtil, et bien le montra tant comme il vesqui ; car tout quoi estoit en ses chambres et en ses deduits, Froissart, II, II, 45.

XVIe s. Quand marys gardent leurs femelles, Ils ont droit, je m'en tais tout coy, Marot, III, 68. Si les ennemis vous courent sus, attendez les de pied coy, Montaigne, I, 355. Nature [caractère] lente, coye et reposée, Amyot, Fab. 2. Le peuple se teut et luy donna coye audience pour ouïr ses raisons, Amyot, Cor. 26. Le plus desert d'un separé rivage, Et la frayeur des antres les plus cois, Ronsard, 5.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, keût, keûte fém. ; picard, à l'coyette, à l'aise ; Berry, coué, se mettre à la coi, se mettre à l'abri ; provenç. quetz ; catal. quiet ; espagn. et ital. quieto ; du latin quietus, de quies, repos.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

COI. Ajoutez :
3De pied coi, sans bouger, en silence. Attends là de pied coi que je t'en avertisse, Corneille, Lexique, éd. Marty-Laveaux. Corneille, dans les éditions suivantes, a supprimé de pied coi, et a mis : Attends, sans faire bruit, que je t'en avertisse.