« conception », définition dans le dictionnaire Littré

conception

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

conception

(kon-sè-psion ; en poésie, de quatre syllabes) s. f.
  • 1 Terme de physiologie. Action par laquelle les animaux sont formés dans le sein de la mère. Chacun a en soi, dès sa conception, la cause qui le détruit.

    Se dit au sens actif, de la mère qui a conçu : la conception de la mère ; et au sens passif, de l'enfant qui a été conçu : la conception de l'enfant.

  • 2 Terme de théologie. L'immaculée conception, l'opération par laquelle la Vierge fut conçue dans le sein de sa mère sans la tache du péché originel, opinion récemment élevée au rang de dogme, et qui, durant le moyen âge, avait été combattue ardemment par les dominicains et soutenue ardemment par les franciscains.

    La Conception, fête de la Conception de la Vierge. L'Église célèbre aujourd'hui la Conception.

    Filles de la Conception, ordre religieux de filles, d'abord sous la règle de Cîteaux, ensuite sous celle de Ste-Claire.

  • 3 Terme de philosophie. Faculté de comprendre les choses. Avoir la conception facile, lente. Sa conception était d'autant plus vive et plus nette que, son enfance n'ayant point été chargée des inutilités et des sottises qui accablent la nôtre, les choses entraient dans sa cervelle sans nuage, Voltaire, Ingénu, 3.

    État de l'intelligence qui fait apercevoir certains rapports entre les idées et les objets auxquelles elles se rapportent.

    Dans le langage de l'école écossaise, simple appréhension d'un objet par l'intelligence.

  • 4 Par extension, création de l'esprit. Cet ouvrage est une des plus belles conceptions de l'esprit humain. Les conceptions de vos lettres sont fortes, Guez de Balzac, liv. I, lett. 1. Les conceptions de vos lettres sont conformes au sens commun de ceux qui ont le jugement relevé, Guez de Balzac, ib. Pour en parler, nous ne pouvons avoir de conceptions assez hautes, Bossuet, I, Pass. 1. Fade discoureur qui cherche quelques femmes auprès de qui il puisse se parer de son bel esprit ou de sa philosophie, et mettre en œuvre ses rares conceptions, La Bruyère, V. Ceux-là seuls seront les vrais amis du peuple qui lui apprendront qu'aux mouvements qui nous ont été nécessaires pour sortir du néant doivent succéder les conceptions propres à nous organiser, Mirabeau, Collection, t. III, p. 352. Le caractère d'Hebadona [dans la Messiade de Klopstock] est une conception heureuse, Chateaubriand, Génie, II, I, 4.

HISTORIQUE

XIVe s. Convient arester leur male conception et voulenté, Ordonn. des rois de France, t. III, p. 347.

XVIe s. Zenobia ne recevoit son mary que pour une charge ; et cela faict, elle le laissoit courir tout le temps de sa conception [grossesse], Montaigne, I, 226. Cela surpasse la conception et le desir mesme de la philosophie, Montaigne, I, 235. Mes conceptions et mon jugement ne marche qu'à tastons, Montaigne, I, 155. Soubs une si vile forme, nous n'eussions jamais choisi [aperçu] la noblesse et splendeur de ses conceptions admirables [de Socrate], Montaigne, IV, 192. Son parler semblablement, pour les bonnes conceptions et les beaux discours qu'il contenoit, estoit plein de très utile et salutaire instruction, Amyot, Phocion, VII.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. conceptio ; espagn. concepcion ; ital. concezione ; du latin conceptionem, de conceptum, supin de concipere (voy. CONCEVOIR). L'ancien français disait concevement.