« consolation », définition dans le dictionnaire Littré

consolation

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

consolation

(kon-so-la-sion ; en poésie, de cinq syllabes) s. f.
  • 1Allégement de ce qui peine. Être privé de consolation. Écrire une lettre de consolation. J'ai de la consolation à penser que vous prenez part à mes peines. À un si grand malheur que le mien, il ne fallait pas une moindre consolation que celle que vous m'avez donnée, Voiture, Lett. 32. Ce fut un grand bonheur pour moi de recevoir tant de consolation, Voiture, ib. 20. Vous aurez la consolation qu'elle sera morte dans les formes, Molière, Am. méd. II, 5. Tu peux me donner une dernière consolation, Fénelon, Tél. X. Il n'aura pas même la consolation de cacher sa honte, Fénelon, ib. XVIII. La sûreté de notre zèle, la consolation de nos dégoûts, Massillon, Myst. Purif. 1. Votre douleur même porte avec elle la plus flatteuse des consolations, le secret témoignage de ne souffrir que parce que vous avez une belle âme, Voltaire, Lett. d'Argental, 23 déc. 1774. L'amitié est la consolation de ceux qui se trouvent accablés par les sots et par les méchants, Voltaire, Lett. Helvétius, 11 mai 1761. Ce n'est pas une médiocre consolation pour moi de voir mon opinion sur cet ouvrage si bien confirmée, Voltaire, Lett. Chatellux, 10 mars 1775.
  • 2Sujet de satisfaction ou d'allégement de peine. C'est une grande consolation pour un père de voir ses enfants se porter au bien. Ses maladies lui ôtèrent la consolation qu'elle avait tant désirée, d'accomplir ses premiers desseins et de pouvoir achever ses jours sous la discipline de Sainte-Fare, Bossuet, Anne de Gonz. Quand on rampe dans un petit coin de notre Occident et quand on n'a que deux jours à vivre, c'est une consolation de laisser promener ses idées dans l'antiquité et à six mille lieues de son trou, Voltaire, Lett. Mme du Deffant, 13 août 1773.
  • 3Raisons que l'on emploie pour consoler quelqu'un. Adresser, recevoir des consolations. Ma consolation vous serait superflue, Corneille, Hor. V, 2. Les consolations indiscrètes ne font qu'aigrir les violentes afflictions, Rousseau, Hél. II, 2.

    Titre de quelques ouvrages de philosophie morale. Les Consolations de Boèce.

  • 4La personne ou la chose même qui peut consoler. Les malheureux dont elle fait la consolation, Sévigné, 394. Vous serez ma consolation dans cette solitude, Fénelon, Tél. I. Vous ne devez vous permettre ni repos ni consolation tant que vous les verrez [vos ouailles] dans ces dispositions criminelles, Massillon, Confér. zèle pour le salut des âmes.
  • 5 Terme de jeu de cartes. Fiche de consolation, celle que l'on donne en surcroît de bénéfice.

    Fig. Fiche de consolation, dédommagement, adoucissement. On l'a envoyé en province, mais, pour fiche de consolation, on a augmenté son traitement.

    Populairement. Débits de consolation, nom qu'on donne, par dérision, aux cabarets où l'on débite de l'eau-de-vie aux gens du peuple.

SYNONYME

AVOIR DE LA CONSOLATION à FAIRE QUELQUE CHOSE ; AVOIR LA CONSOLATION DE FAIRE QUELQUE CHOSE. La première phrase se dit d'une consolation que l'on se fait à soi-même, d'une chose à laquelle on attache de la consolation : J'ai de la consolation à penser que vous prenez part à mes peines. La seconde se dit d'une chose qui est vraiment une consolation par sa nature : Il vous en coûtera, sans doute ; mais il y va de ma vie, et vous aurez la consolation de m'avoir sauvé, MARMONTEL.

HISTORIQUE

XIIe s. Les tues consolatiuns esledecerent [réjouirent] la meie aneme [âme], Liber psalm. p. 138.

XIVe s. Or ont li cristien, à leur maleïchon, Dedens Jherusalem, en consolation, Couronné comme roy Godefroy de Buillon, Baud. de Seb. IV, 468.

XVe s. Si se continua toute celle semaine en grand consolation [réjouissance], et se continuerent les festes, Froissart, liv. II, p. 275, dans LACURNE.

XVIe s. Ces promesses pleines de singuliere consolation, Calvin, Instit. 928. Une consolation commune me desconsole et m'attendrit, Montaigne, III, 301.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. consolation ; espagn. consolacion ; ital. consolazione ; du latin consolationem, de consolari, consoler. Consolation, signifiant en termes de jeu les fiches de surcroît que l'on donne à celui qui gagne, vient du sens qu'a eu jadis consolation, celui de réjouissance.