« courtine », définition dans le dictionnaire Littré

courtine

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courtine

(kour-ti-n') s. f.
  • 1Rideau de lit. Vieux, ou du moins il ne se dit guère qu'en vers ou par archaïsme. Vous dormez dessous les courtines Des trois Grâces et des neuf sœurs, Voltaire, dans le Dict. de DOCHEZ. Que me veux-tu, femme infidèle ? ne m'as-tu pas contraint de te punir ? Qu'elle est pâle et hideuse ! Elle déroule son suaire et me montre sa blessure, elle arrose de sang mes courtines, Dusillet, Yseult de Dôle, ch. 13.

    Fig. Du haut de la montagne pendaient des lianes qui formaient sur les flancs des rochers de grandes courtines de verdure, Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virg.

    S. f. plur. Terme de blason. Partie du pavillon qui forme le manteau.

  • 2 Terme de fortification. Front de la muraille d'une place, entre deux bastions. Bellone va réduire en cendres Les courtines de Philipsbourg, Voltaire, Ép. XXX.
  • 3 Terme d'architecture. Façade de bâtiment comprise entre deux pavillons.
  • 4 Terme de pêche. Sorte de petit parc formé par des filets tendus sur des piquets.

HISTORIQUE

XIIe s. Qui le tenroit [tiendrait] tot nu sor la cortine…, Raoul de C. 219.

XIIIe s. Tant furent bonnement, bras à bras, souz courtine…, Audefroi le Bastard, Romancero, p. 21. [Il] Amenoient une charete Qui enclose ert d'une cortine, Ren. 9977. Cil arbre vert par ces gaudines Lor paveillons et lor cortines De lor rains [rameaux] sor eus estendoient, Qui du soleil les deffendoient, la Rose, 8474. Trais en sus ung poi la cortine, Qui les reliques encortine, ib. 21865.

XVe s. Et avoient le duc et le roi leurs chambres tendues de draps, de courtines et de tapis, Froissart, II, III, 41. [Diane sur prise au bain par Actéon] Ne sot de quoi faire courtine, En la fontaine se retire, Froissart, Poésies mss p. 373, dans LACURNE. Lors mist la main à la courtine pour la tirer arriere, Perceforest, t. II, f° 42. Car je sçay qu'entre deux courtines Est tout le bien, toute la joie D'amours, de soulas et la voie, Deschamps, Poésies mss. f° 563, dans LACURNE. De grasses soupes jacobines Et flans leur faire oblation, Et puis après sous les courtines Parler de contemplation, Villon, G. Testam. Legs aux frères mendians et beguines.

XVIe s. Pour pavillon, qui d'un tel roy soit digne, Tu tends le ciel, ainsi qu'une courtine, Marot, IV, 311. Et, approchant de la courtine, lui demanderent comme il avoit reposé celle nuit, Despériers, Contes, CXXVIII. La seconde chose que l'experience a fait approuver à beaucoup de gens, c'est de destacher les bastions des courtines, mesmes les porter outre le fossé… ils ne laissent d'estre très bien defendus de [par] l'harquebuserie des courtines, Lanoue, 337. Ils firent tous merveilleux devoir, combien que l'artillerie [des assiégeants] qui battoit en courtine, les endommageoit fort, Lanoue, 581. Une longue terrasse pratiquée sur les flancs d'un rocher… à petites tourelles tournées et massonnées à cul de lampe, avancées hors de la courtine de la terrasse, Belleau, Bergeries, p. 1, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Berry et norm. cortine, rideau de lit ; wallon, gordène ; provenç. esp. et ital. cortina ; bas-latin, cortina, petite cour, mur entre bastions, rideau autour d'un autre, en somme quelque chose qui protége ; cortina, dans Isidore, tapisserie, tenture en peaux ; latin classique, cortina, chose ronde, espace circulaire, chaudron.