« création », définition dans le dictionnaire Littré

création

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

création

(kré-a-sion ; en poésie, de quatre syllabes) s. f.
  • 1Action de Dieu qui crée. La création du monde. Ceux que Dieu, par la régénération, a retirés gratuitement du péché (qui est le véritable néant, parce qu'il est contraire à Dieu, qui est le véritable être) pour leur donner une place dans son Église, après les avoir retirés gratuitement du néant au point de leur création pour leur donner une place dans l'univers, Pascal, Lettre, 1er avril 1648. La création, qui paraît être un acte arbitraire, suppose des règles aussi invariables que la fatalité des athées, Montesquieu, Esp. I, 1. Il y a des philosophes qui distinguent deux créations, celle des choses et celle de l'homme, Montesquieu, Lett. pers. 113. Femmes, anges mortels, création divine, Seul rayon dont la vie un moment s'illumine, Lamartine, Harm. IV, II.

    Absolument. Depuis la création. L'an 5000 de la création.

  • 2L'univers visible. Les merveilles de la création. C'est l'heure où la nature, un moment recueillie, Entre la nuit qui tombe et le jour qui s'enfuit, S'élève au créateur du jour et de la nuit, Et semble offrir à Dieu, dans son brillant langage, De la création le magnifique hommage, Lamartine, Méd. I, 16. Dans la création le hasard m'a jeté ; Heureux ou malheureux, je suis né d'une femme, Et je ne puis m'enfuir hors de l'humanité, Musset, Espoir en Dieu.
  • 3Action d'établir une rente, etc. La création de la rente trois pour cent.
  • 4Action d'inventer, de fonder, de produire, de nommer à un emploi. La création d'un genre littéraire. Le roman peut être considéré comme une création des modernes. Les créations de l'industrie. On a fait des créations d'un président et de quatre conseillers, Sévigné, 587.

    Cela est de sa création, c'est-à-dire il a imaginé, supposé la chose. Ces deux charges de proconsul et de maître de la milice sont purement de sa création [de l'abbé Dubos], Montesquieu, Espr. XXX, 24.

    Par extension, action de former un homme et de faire sa fortune. Ce maréchal [Bessières] devait son élévation à d'honorables services et à l'affection de l'empereur, qui s'était attaché à lui comme à sa création, Ségur, Hist. de Nap. IX, 3.

    Création d'un rôle, se dit, au théâtre, de celui qui le joue pour la première fois. Ce rôle est une de ses plus belles créations.

  • 5Résultat de la création, ouvrage d'art ou de littérature, établissement politique, social, etc. Ce tableau est une belle création. Les salles d'asile sont une création utile.

HISTORIQUE

XIIIe s. Pouvoirs et vouloirs et bontez, Ces trois sont en ung Dieu comptez, Creerent toute creoison, J. de Meung, Tr. 447.

XIVe s. La premiere creacion des tribuns, Bercheure, f° 61, recto.

XVe s. Ainsi fut cette grande et dure chevauchée departie, que le roi Edouard, le premier an de sa creation, fit contre les Escots, Froissart, I, I, 45. Chascun me fuit, ne nulz ne me parente ; Les riches voy [je vois] trop bien emparentez ; Ceulx ont indignacion De moi veoir, de qui creation [famille] Je sui estrais…, Deschamps, Poésies mss. f° 213, dans LACURNE.

XVIe s. Il y avoit eu erreur en leur creation, et ilz avoient esté induement esleus, Amyot, Marcel. 4.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. creatio, creazo ; espagn. creacion ; ital. creazione ; du latin creationem, de creare, créer. Creoison est formé suivant l'antique règle de changement, comme oroison ou oraison ; création a été refait sur le latin.