« déserteur », définition dans le dictionnaire Littré

déserteur

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

déserteur

(dé-zèr-teur) s. m.
  • 1Celui qui délaisse, abandonne, avec une idée de réprobation. Il donne de la terreur aux déserteurs d'une si sainte société, Patru, Plaidoyer 15e, dans RICHELET. Un homme… qui, sans se déclarer ouvertement, mais par la malheureuse possession où il s'est établi d'agir selon son gré et en libertin [esprit fort], est devenu, si j'ose m'exprimer ainsi, un déserteur, ou, si vous voulez, un apostat de la Providence de Dieu, Bourdaloue, Car. Sur la Providence. Je ne puis admirer ces dangereux auteurs Qui, de l'honneur en vers infâmes déserteurs, Trahissent la vertu sur un papier coupable, Boileau, Art p. IV. Mathan de nos autels infâme déserteur, Racine, Athal. I, 1. Moi seul, donnant l'exemple aux timides Hébreux, Déserteur de leur loi, j'approuvai l'entreprise, Racine, ib. III, 3. Ces murs sont encor pleins de tes premiers exploits, Déserteur de nos Dieux, déserteur de nos lois, Voltaire, Mahom. I, 4. [Un sénat] Qui, lâche déserteur de son autorité, N'en a plus que l'orgueil pour toute dignité, Voltaire, Catil. IV, 2.
  • 2Particulièrement, militaire qui déserte. Poursuivre, arrêter un déserteur.

    Fig. et familièrement. Je vous ramène notre déserteur, l'ami qui nous avait quittés. Je veux le faire saisir où je le trouverai comme déserteur de la médecine, Molière, Pourc. II, 1.

    Il se dit souvent des écoliers qui se sauvent du collége, des enfants qui se sauvent de la maison paternelle.

    Par abus, celui qui ne se rend pas à un appel, qui ne se fait pas inscrire sur un rôle. Exempt d'impôt, déserteur de phalange [non inscrit dans la garde nationale], Je suis pourtant assez bon citoyen, Béranger, Nouv. Diog.

SYNONYME

DÉSERTEUR, TRANSFUGE. Celui qui déserte, abandonne son drapeau ; mais le mot ne dit pas par soi-même où le déserteur va ; au lieu que transfuge signifie que le déserteur va de l'autre côté et passe à l'ennemi.

HISTORIQUE

XIVe s. Deserteurs de leurs banieres, Bercheure, f° 49, recto.

XVIe s. Ils ne purent trouver en ce courage nerf qui tendit à estre deserteur de ses amis, D'Aubigné, Hist. II, 233. Deserteurs de l'honneur de Dieu et du bien de son eglise, Condé, Mémoires, p. 668. Aultrement [si nous nous donnons la mort], comme deserteurs de nostre charge, nous sommes punis et en celuy-cy et en l'aultre monde, Montaigne, II, 26.

ÉTYMOLOGIE

Lat. desertor, de deserere (voy. DÉSERT 1).