« deçà », définition dans le dictionnaire Littré

deçà

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deçà

(de-sa) loc. prép.
  • 1De ce côté-ci, par opposition à delà, qui signifie de ce côté-là. Deçà et delà la rivière, les habitudes et le langage diffèrent beaucoup. La Provence est deçà les Alpes.

    Loc. adverb. Être assis jambe deçà, jambe delà, une jambe d'un côté, une jambe de l'autre, à califourchon.

  • 2Deçà et delà, loc. adv. De côté et d'autre. Peuples qui erraient deçà et delà sur des chariots, Bossuet, Hist. II, 7. Des chiens courants l'aboyante famille Deçà delà parmi le chaume brille, Perrault, Griselidis.
  • 3De deçà, par deçà, loc. prép. De ce côté-ci. De deçà, par deçà la montagne.

    De deçà, par deçà, loc. adv. Rester de deçà. Venez par deçà. Il n'y a point de conquête delà le Rhin ni delà le Danube qui vous dût pleinement satisfaire, et toute l'Allemagne ne vaut pas un faubourg de deçà, Voiture, Lett. 67. Excellents ministres des hautes puissances étrangères, ne vous fiez point trop à vos amis de deçà, Courier, Lett. x.

  • 4En deçà de, loc. prép. De ce côté-ci de. Il demeure en deçà du pont.

    Fig. Accoutumez votre fille à se réjouir en deçà du péché, et à mettre son plaisir loin des divertissements contagieux, Fénelon, t. XVII, p. 126.

    En deçà, loc. adv. Être situé en deçà.

REMARQUE

Au deçà dans le sens de : au delà : S'il ne la dépeint belle et sage Au deçà de la vérité, Malherbe, III, 3. …Qu'on passe deux fois Au deçà du rivage blême, Malherbe, VI, 17. Au deçà ne s'emploie plus en ce sens, et avec raison ; car c'est pécher contre le sens propre de çà.

HISTORIQUE

XIIe s. Quant il vous a deçà les pors [portes, passages] laissez, Ronc. p. 89.

XIIIe s. Il n' [y] a si bele femme deçà ne delà mer, Berte, III. Car s'ele ne fust morte, deçà [elle] fust retournée, ib. CIV.

XIVe s. Et l'une partie de l'ame le trait de sà et l'autre de là, Oresme, Eth. 268. Des anemis avés par dechà par delà : Se en aquerés plus, grant folie sera, Baud. de Seb. x, 1010.

XVe s. Lors cuiderent bien les cardinaux estre tous morts, et s'enfuirent pour sauver leurs vies l'un deçà, l'autre delà, Froissart, II, II, 20. Et qu'il y avoit plusieurs gens en Angleterre qui desiroient la guerre par deçà [contre la France], Commines, IV, 7. Si ceulx-ci qui vindrent faire l'allyance du roy de Portugal de par deçà, Commines, V, 7.

XVIe s. Les abeilles pillotent deçà delà les fleurs, Montaigne, I, 162. St Hilaire, estant en Syrie, fut adverti que sa fille, qu'il avoit laissée par deçà avecques sa mere…, Montaigne, I, 251. Ceulx ci sont, par maniere de dire, au deçà des accidents ; les aultres au delà, Montaigne, I, 388. Dedans toutes ces provinces, qui sont au deçà de Constantinople, qui toutes ensemble sont aujourd'hui appellées la Romanie, il y a beaucoup plus de chrestiens que de Turcs, Lanoue, 436. Nos petites armées de par deçà [de nos pays], Lanoue, 442.

ÉTYMOLOGIE

De, et çà ; bourguig. deçai.