« diamant », définition dans le dictionnaire Littré

diamant

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

diamant

(dia-man ; en vers, de trois syllabes) s. m.
  • 1Pierre précieuse, la plus brillante et la plus dure de toutes, et qui est du carbone pur. Le plus beau diamant qui brille à ma couronne, Tristan, M. de Chrispe, IV, 7. Et, sans mêler à l'or l'éclat des diamants, Cueille en un champ voisin ses plus beaux ornements, Boileau, Art poét. II. L'or et les diamants brillent sur ses habits, Voltaire, Scythes, I, 1. Le vrai diamant ou le diamant le plus pur présente un octaèdre, Bonnet, Contempl. nat. 3e part. ch. 4. De toutes les matières qui représentent l'éclat de l'opulence, le diamant est la plus précieuse, Raynal, Hist. phil. IX, 24. On n'a pas l'idée que le diamant ait été soumis à l'action du feu avant 1694 et 1695, que le célèbre Averani en exposa un au foyer d'un miroir ardent pour l'instruction de Jean Gaston de Médicis, son élève, Raynal, ib. Enfin M. Darcet entreprit en France, en 1768, de soumettre le diamant au feu de porcelaine, Raynal, ib. Il en résulte très clairement [des essais de M. Darcet] et de ceux qu'on a répétés après lui, que le diamant s'évapore et brûle assez rapidement au feu et à l'air libre, Raynal, ib. On trouve ordinairement le diamant empâté dans une sorte de ciment naturel rougeâtre, assez analogue à nos briques de terre glaise ferrugineuse, Babinet, Revue des Deux-Mondes, 1855, 15 février, p. 806. Les anciens ne paraissent pas avoir soupçonné que le diamant pût être taillé ; ils ne connaissaient que le diamant à pointes naturelles, ayant huit faces triangulaires et formant en tout sens une double pyramide, ID. ib.

    Diamant brut, celui qui n'a pas été taille.

    Diamant faux, pierre naturelle ou factice qui imite le diamant ; et aussi nom sous lequel on a désigné la variété incolore ou limpide du zircon.

    Diamant rosette, ou diamant rose, diamant taillé en rose, taille qui consiste à laisser au diamant une large face plane en dessous et à recouvrir le dessus de plusieurs facettes pour obtenir par le reflet sur la face d'en dessous des feux semblables à ceux du brillant.

    Diamant brillant, celui qui est taillé à facettes par-dessous comme par-dessus.

    Diamant de nature, diamant qui n'est pas d'une belle eau.

    Diamant savoyard, diamant qui est coloré en noir ou en brun.

    Diamant d'Alençon, du Canada, quartz hyalin noir.

    Diamant du Rhin, quartz hyalin limpide.

    Diamant spathique, corindon.

  • 2Bague qui a un diamant. Il lui passa un diamant au doigt. Mais il m'a demandé mon diamant pour gage, Corneille, Nicom. V, 10. Je me trompe fort, ou la beauté de ce diamant fera pour vous sur son esprit un effet admirable, Molière, Bourg. gent. III, 6.
  • 3 Fig. C'est un diamant, se dit d'un petit ouvrage d'art ou de littérature d'une exécution parfaite. J'étais le grain de sable, je résolus de devenir diamant, Voltaire, Zadig, 16.

    Édition diamant, impression en caractères très fins, mais bien nets et jolis à l'œil.

    Diamant se prend souvent, au figuré aussi, comme le symbole de la dureté extrême. Croyez-vous que vos dents impriment leurs outrages Sur tant de beaux ouvrages ? Ils sont pour vous d'airain, d'acier, de diamant, La Fontaine, Fabl. V, 16. Ämes de bronze, humains, celui-là fut sans doute Armé de diamant, qui tenta cette route, Et le premier osa l'abîme défier, La Fontaine, ib. VII, 12.

  • 4 Terme de miroiterie ou de vitrerie. Instrument au bout duquel est enchâssée une pointe de diamant et qui sert à couper le verre.
  • 5 Terme de marine. Le diamant d'une ancre, la jonction des deux bras avec la vergue.
  • 6 Terme d'architecture. Pointes de diamant, pierres qui, dans les parements à bossages, sont taillées à facettes comme des diamants, De Laborde, Émaux, p. 253.
  • 7Couleur diamant, sorte de peinture dont la base est le graphite (substance très réfractaire comme le diamant). Tôle vernie avec la peinture dite couleur diamant, Presse scientifique, t. I, p. 95.
  • 8Diamant de verre, faux diamant. Ne pensez pas leur faire plaisir [aux prophètes et aux apôtres] de leur prêter si libéralement, et sans qu'il en aient besoin, vos épithètes et vos métaphores, de les charger de votre chimie et de vos diamants de verre, Guez de Balzac, Socr. chrét. ch. 7.

HISTORIQUE

XIIIe s. Pelles [perles], coraus et crisolites Et diamans et amecites, Fl. et Bl. 657. Ceste, se li actor [auteur] ne ment, Perceroit pierre d'aïment, Por qu'ele fust bien de li pointe ; Car ele a trop ague pointe, la Rose, 15596.

XIVe s. Trois grantz rubis en aneaus, une amiraude, un diamant de grand pris en une boiste d'argent enamillé, qui fust trové sur ledit Pierre quant il fust pris, De Laborde, Émaux, p. 250. Ceste pierre est si dure que elle n'est despecée ne par fer ne par feu ; ne elle n'est pas eschaufée. Toutesfoys elle est despecée par le sang du bouc quant il est chault et nouvel. Et des pieces qui en saillent on entaille et perce les aultres pierres, De Laborde, ib. p. 250.

XVe s. Deux cc d'or, garnys d'un grand dyamant à huit costez, mis en ung oeul d'or esmaillé de blanc, De Laborde, ib. p. 251. Seize dyamans de plusieurs tailles, De Laborde, ib. Un annel d'un dyamant gros, de quatre losenges en la face dudit dyamant et de demies losenges par les costez dudit dyamant, De Laborde, ib. p. 254. Vos blanches dents ou plustost diamans Sont la prison des esprits des amants, Saint-Gelais, (26).

ÉTYMOLOGIE

Provenç. diaman ; catal. diamant ; ital. diamante ; du latin adamantem. Adamantem, qui a donné régulièrement aïmant, aimant (adamas a eu aussi dans la basse latinité le sens d'aimant), a donné par interversion diamant ; et, signifiant le fer, une chose très dure et, en particulier, le diamant, il vient du grec ἀδάμας, de ἀ privatif, et δαμάω, dompter (latin domare, voy. DOMPTER) : ce qui ne peut être dompté, vaincu.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

DIAMANT. Ajoutez :
9 Fig. Il s'est dit, au XVIIe siècle, dans le sens de cadeau remunératoire et honorifique. Cette vision qu'on avait voulu donner au coadjuteur, qu'il y aurait un diamant pour celui qui ferait les noces de sa cousine…, Sévigné, Lettres inédites, publiées par Capmas, Paris, 1876, t. I, p. 244.