« divin », définition dans le dictionnaire Littré

divin

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

divin, ine

(di-vin, vi-n' ; devant une voyelle, la syllabe in garde le son nasal comme dans indigne, et l'n se lie : di-vin-n amour ; d'autres ôtent la nasalité : di-vi-n amour) adj.
  • 1Qui est de Dieu, qui appartient, qui est propre à Dieu. La divine Providence. La justice divine. Aucun n'est digne ici de ces grâces divines, Qui parmi tant de maux et parmi tant d'épines Versent du haut du ciel la consolation, Corneille, Imit. I, 20. La volonté divine étant elle-même sa règle, Bossuet, Loi de Dieu. Les mœurs antiques qu'ils [Homère et Hésiode] nous représentent, et les vestiges qu'ils gardent encore, avec beaucoup de grandeur, de l'ancienne simplicité, ne servent pas peu à nous faire entendre les antiquités beaucoup plus reculées et la divine simplicité de l'Écriture, Bossuet, Hist. I, 6. Après cela, docteur, va pâlir sur la Bible, Perce la sainte horreur de ce livre divin, Confonds dans un ouvrage et Luther et Calvin, Boileau, Sat. VIII. Est-ce l'esprit divin qui s'empare de moi ? Racine, Athal. III, 7. Ô divine, ô charmante loi ! ô justice ! ô bonté suprême ! Que de raisons, quelle douceur extrême D'engager à ce Dieu son amour et sa foi ! Racine, ib. I, 4. Un caractère divin qui perdrait son existence au delà d'une circonférence donnée serait un caractère chimérique et illusoire, Mirabeau, Collection, t. IV, p. 341. Leur tombe est sur la colline ; Mon pied le sait, la voilà ; Mais leur essence divine, Mais eux, Seigneur, sont-ils là ? Lamartine, Harm. II, 1.

    Les personnes divines, les trois personnes de la Trinité. Le Verbe divin, le Fils de Dieu.

    L'être divin, Dieu. Comme il ne se peut rien ôter de ce qui fait la perfection de l'être divin, il ne se peut aussi rien ôter à la créature de ce qui fait la dépendance de l'être créé, Bossuet, Libre arb. III.

  • 2Qui est dû à Dieu. Le service divin. Le culte divin. Ô qu'il est doux de voir une ferveur divine Dans les religieux nourrir la sainteté ! Corneille, Imit. I, 25.

    Il s'applique aussi aux dieux du paganisme et à ce qui s'y rapporte. Les êtres divins. Les oracles divins. Les Romains décernaient les honneurs divins à leurs empereurs.

    Mis au nombre des dieux. Le divin Auguste.

  • 3 Fig. Qui est au-dessus de la nature. Il y a là quelque chose de divin.
  • 4Excellent, parfait en son genre. Une divine poésie. Tant, selon leurs discours, leurs œuvres sont divines, Régnier, Sat. II. J'oserais bien juger que vos divins appas…, Corneille, Pomp. II, 1. Mille pierres de prix sur ses bords étalées D'un mélange divin éblouissent les yeux, Corneille, Médée, II, 5. Je chante bien ses airs, il en fait de divins, Sévigné, 144. Le divin Cicéron, dont le nom glorieux…, Voltaire, Triumv. II, 1.

    Dans le même sens, mais familièrement. Vous êtes divine. Cela est divin.

  • 5On donne quelquefois à divin les degrés de comparaison, de la même façon qu'on les donne à humain.

    Dans le sens propre. Et des pleurs de la nuit le sillon boit la pluie, Et les lèvres des fleurs distillent leur encens, Et d'un sein plus léger l'homme aspire la vie, Et l'esprit plus divin se dégage des sens, Lamartine, Harm. II, 6.

    Dans le sens figuré, bon par excellence. Et le plus adorable et plus divin objet, Rotrou, Vencesl. II, 2. Il faut que je revienne encore à vous pour vous dire la joie que j'ai de l'estime que je vous vois pour le second tome d'Abadie ; vous savez de quelle manière je vous en ai parlé ; c'est le plus divin de tous les livres, Sévigné, Lett. 13 août 1688. Sans la langue en un mot, l'auteur le plus divin Est toujours, quoi qu'il fasse, un méchant écrivain, Boileau, Art p. I.

  • 6 S. m. Le divin, ce qu'il y a de divin, de dû à des causes occultes, supérieures. Le divin dans les maladies, selon Hippocrate.

HISTORIQUE

XIVe s. Non mye comme luy, mais comme très sage divin [théologien], Chron. de St Denis, t. I, f° 320, dans LACURNE. De toutes les choses qui sont en nous c'est la très plus divine, Oresme, Eth. 317. Et semblablement des hommes, nous beatifions ceulx qui sont très parfects et comme divins et très bons excellemment, Oresme, ib. 28.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. devin, divin ; espagn. et ital. divino ; du latin divinus, du radical div (voy. DIV). Divin a eu le sens de théologien, sens qui, passé de France en Angleterre, est resté dans ce dernier pays.