« emprisonner », définition dans le dictionnaire Littré

emprisonner

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

emprisonner

(an-pri-zo-né) v. a.
  • 1Mettre en prison. On l'a emprisonné comme suspect. Mais il s'est vu tantôt emprisonner ; Cette offense en son cœur sera longtemps nouvelle, Racine, Brit. IV, 5.
  • 2 Par extension, retenir, empêcher de sortir. Et pour m'en détourner [m'éloigner d'un champ de bataille], Cet amant généreux me fait emprisonner, Racine, Alex. III, 1. Dans le fond du sérail ils vont t'emprisonner, Delavigne, Paria, I, 2.

    Il se dit aussi, dans le langage technique, des gaz ou des liquides qui se trouvent retenus. La trempe emprisonne les gaz dans les pores moléculaires en s'opposant à la cristallisation, à laquelle la présence des gaz apporte un nouvel obstacle, Cizancourt, Acad. des Sc. t. LVII, p. 318.

  • 3S'emprisonner, v. réfl. Se tenir reclus. Il s'emprisonna tout le temps que dura sa mauvaise humeur.

    Fig. Être renfermé. Il est bien assuré que l'angoisse qu'il porte Ne s'emprisonne pas sous les clefs d'une porte, Et que de tous côtés elle suivra ses pas, Malherbe, I, 4.

HISTORIQUE

XIIe s. N'a pas l'avoir [la richesse] qui l'enprisone, Mais cil qui le despent et done, Chrestien de Troyes, dans HOLLAND, p. 4. Ensement somes çà dedenz enserré, Comme li homs qui est enprisonnez, la Prise d'Orange, V. 68. Les chevals saint Thomas tuz ensemble enmenerent ; Ses humes et ses clers, là où il les troverent, Pristrent od lur aveir, e sis [ainsi les] enprisunerent, Th. le mart. 152. Quant Gautiers voit son oncle emprisonné [fait prisonnier], Tel duel [deuil] en a, le sen quide derver [il pense perdre le sens], Raoul de C. 159.

XIIIe s. Qui bien veut amor descrivre, Amors est et male et bone ; Les emprisonnés delivre, Les delivrés emprisone ; L'un fait morir, l'autre vivre, à l'un tolt [prend], à l'autre done, Hist. littéraire de la France, t. XXIII, p. 753. Li criz des amprisonnez viegne à la teue [tienne] sainte pitié, Psautier, f° 97. Si m'en aim et amerai, Kant si sagement, Par mon hardement, M'emprisonnai [devins captif de ma dame], Bibl. des Chartes, t. V, 4e série, p. 482. Si tost qu'il est denoncié au bailli par gens creables, il le doit penre et emprisonner de son office, Beaumanoir, 41.

XVe s. Vueilliez vos yeulx emprisonner, Et sur moy plus ne les jectez ; Car quant vous plaist me regarder, Par Dieu, belle, vous me tuez, Orléans, Ball. 2.

XVIe s. Fabrice, en la bataille de Ravenne, combattant vaillamment et enfonçant furieusement un gros de cavalerie françoise, fut fort blessé et emprisonné [fait prisonnier], Brantôme, Capit. estr. t. I, p. 105, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

En 1, et prison ; provenç. empreisonar ; ital. imprigionare.