« expirer », définition dans le dictionnaire Littré

expirer

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

expirer

(èk-spi-ré)
  • 1 V. a. Terme de physiologie. Expulser l'air qui est entré dans la poitrine.

    Par extension. Les végétaux aspirent sans doute l'air et l'expirent, Bernardin de Saint-Pierre, Harm. liv. 5.

  • 2 V. n. Exhaler son âme, l'âme étant comparée au souffle qui s'exhale de la poitrine, mourir. Elle a fait expirer un esclave à mes yeux, Racine, Brit. IV, 4. Lorsqu'il fut expiré, Cassius le dépouilla de ses habits royaux, Le P. Catrou, dans DESFONTAINES.

    Par exagération. Elle n'est mariée qu'avec une figure qui sort d'un cabinet, qui vient à table, et qui fait expirer de langueur, de froid et d'ennui tout ce qui l'environne, Marivaux, Jeux de l'am. et du has. I, 1.

    Fig. Les flots tranquilles viennent expirer au pied des canneliers en fleurs, Chateaubriand, Mart. 77.

    Être détruit. J'ai joui des derniers moments de sa gloire [de la Grèce], et je ne l'ai quittée qu'après avoir vu sa liberté expirer dans la plaine de Chéronée, Barthélemy, Anach. ch. 72. Hector tomba sous lui, Troie expira sous vous, Racine, Andr. I, 2.

  • 3Prendre fin, arriver à son terme. Son bail expira à la Saint-Jean, le mien a expiré hier. On veut que la substitution soit expirée au premier degré, Patru, Plaid. 12, dans RICHELET. Demain la trêve expire et demain l'on t'arrête, Voltaire, Fanat. II, 6. Votre Majesté avait bien voulu abréger de moitié le temps de sa prison ; ce terme est expiré, et il y es encore, à ce qu'il croit, contre vos ordres, D'Alembert, Lettre au roi de Prusse, 10 avril 1767.

    Fig. Cesser, se dissiper, s'évanouir. Les sons expirèrent lentement. Cette lueur expira par degrés. Dès que ma flamme expire, un mot la fait renaître, Corneille, Tite et Bérén. II, 1. C'en est fait, je me rends, et ma colère expire, Corneille, Rodog. IV, 3. Il semble qu'à ces mots notre discorde expire, Corneille, Hor. I, 4. D'une action si noire Que ne peut avec elle expirer la mémoire ? Racine, Phèd. v, 7. Je le vis, son aspect n'avait rien de farouche ; Je sentis le reproche expirer dans ma bouche, Racine, Iphig. II, 1. Notre vocation à l'autel expire à mesure que nous voyons revivre de nouvelles espérances pour la terre, Massillon, Carême. Vocat.

REMARQUE

Expirer se conjugue avec avoir, quand on veut exprimer l'acte : le bail a expiré hier ; cet homme a expiré à l'instant même ; avec le verbe être, quand on veut exprimer l'état : le bail est expiré depuis longtemps ; cet homme est expiré depuis quelques heures.

HISTORIQUE

XIVe s. Li povoir du lieutenant du bailli expirera, Ordonn. des rois, t. VII, p. 546. De ceste amour proprement Hom mortel ne porroit dire Le prix, le doux sentement, La grand valour qu'elle expire [exhale], Modus, ms. f° 303, dans LACURNE.

XVe s. Et finira cestui premier livre au trepas du très chretien roi de France, Charles le Bien aimé, lequel expira sa vie en son hostel de Saint-Paul à Paris, Monstrelet, Prol.

XVIe s. La furie des viperes expire par l'attouchement d'un rameau de fouteau, Rabelais, Pant. IV, 62. Je luy demanday si hors la guerre toute son auctorité estoit expirée, Montaigne, I, 247. Quand nous serons expirez, ce buchier…, Montaigne, II, 36. Autant que mes yeux peuvent recognoistre cette belle saison expirée…, Montaigne, III, 306.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. expirar, espeirar ; port. expirar ; ital. spirare ; du lat. exspirare, de ex, et spirare, souffler.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

EXPIRER. - HIST. XIVe s. Ajoutez : Que li termes… fu espirés…, Caffiaux, Régence d'Aubert de Bavière, p. 83.