« extorquer », définition dans le dictionnaire Littré

extorquer

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extorquer

(èk-stor-ké) v. a.
  • Obtenir par violence morale. Je sais bien que mon agrément ne validerait pas une démission qui a été extorquée par la force, Retz, Mém. t. III, livre IV, p. 448, dans POUGENS. Que nous serviront alors ces grâces prétendues que nous aurons comme extorquées des vicaires de Jésus-Christ ? Bourdaloue, Serm. 24e dim. après la Pentecôte, Domin. t. IV, p. 417. L'un et l'autre dès lors vécut à l'aventure Des présents qu'à l'abri de la magistrature Le mari quelquefois des plaideurs extorquait, Ou de ce que la femme aux voisins escroquait, Boileau, Sat. x. Ils n'auraient point prétendu extorquer à sa famille quatre cent mille francs d'amende ; à quoi son bien était fort loin de monter, Voltaire, Lett. Beaumont, 3 juin 1771. Enfin j'extorquai son consentement plus à force d'importunités et de caresses, que de raisons dont elle se contentât, Rousseau, Confess. v.

    Par extension. Grotius a extorqué de son temps une réputation qu'il était bien loin de mériter, Voltaire, Lett. Linguet, 15 mars 1767.

HISTORIQUE

XIVe s. Acuns tyrans extorquent et trayent pecunes des populaires, Oresme, Thèse de MEUNIER. Li dits ouvriers pour plus extorquer l'argent des privez et des estranges, Ord. des rois de Fr. t. XII, p. 521. Les droiz lesquels il avoient extorqué des peres [sénateurs], Bercheure, f. 40, recto.

XVIe s. Pour accroistre la foule, on loue des gens pour venir pleurer et jetter des cris et des plaintes qui sont, au sceu de tous, toutes feinctes et extorquées avec argent, Charron, Sagesse, I, 32.

ÉTYMOLOGIE

Lat. extorquere, arracher, de ex, et torquere, tordre (voy. TORDRE) : arracher par torsion. La langue, ayant fait de torquere, tordre (par un changement d'accent : torquěre au lieu de torquēre), a dit, dans sa haute période, estordre et non extorquer, qui ne se montre qu'au XIVe siècle.