« fade », définition dans le dictionnaire Littré

fade

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

fade

(fa-d') adj.
  • 1Qui est sans saveur. À côté de ce plat paraissaient deux salades, L'une de pourpier jaune et l'autre d'herbes fades, Boileau, Sat. III. Un vin… Et qui, rouge et vermeil, mais fade et doucereux, N'avait rien qu'un goût plat et qu'un déboire affreux, Boileau, ib.

    Se sentir le cœur fade, avoir, éprouver du dégoût.

    Fig. Des peines près de qui le plaisir des monarques Est ennuyeux et fade…, La Fontaine, Fabl. VIII, 13.

  • 2 Fig. Il se dit de ce qui n'est ni piquant, ni vif, ni animé. Mon Dieu ! laissons là vos comparaisons fades, Molière, Mis. I, 1. Cela est bien fade à imaginer, Sévigné, 9. Je vous assure que toute cette badinerie n'est encore ni fade ni usée, Sévigné, 572. Il [l'abbé Têtu] a écrit une lettre à M. de Vivonne bien plus jolie que Voiture et Balzac ; les louanges n'en sont point fades, Sévigné, 1er juillet 1676. Tout ce qu'on dit de trop est fade et rebutant, Boileau, Art p. I. Y a-t-il rien de plus fade que la louange que vous vous donnez au commencement de la troisième catilinaire ? Fénelon, t. XIX, p. 252. Ces adulations fades pour des maîtres et des protecteurs, Massillon, Car. Culte. J'aime autant Quinault que vous [l'aimez], et je ne suis pas de ces pédants qui le trouvent fade et qui le condamnent pour avoir parlé d'amour quand il en devait parler, Voltaire, Lettre à Mme du Deffant, 26 nov. 1775. Je n'aime pas beaucoup les scènes champêtres, qui sont fades en peinture comme des idylles, quand elles ne font aucune allusion à la Fable ou à l'histoire, Staël, Corinne, VIII, 4.

    Qui est donné comme piquant et ne l'est pas. Un compliment fade. Une plaisanterie fade. Un jeu de mots fade.

  • 3En parlant de l'air et du visage, qui est, qui offre le caractère de l'insipidité déplaisante. C'était un visage d'homme ; rien de fade, rien d'efféminé, Hamilton, Gramm. 11. Son teint délicat sans être fade, Rousseau, Ém. II. Ce gros bec leur donne [aux toucans] une physionomie triste et sérieuse que leurs grands yeux fades et sans feu augmentent encore, Buffon, Ois. t. XIII, p. 173, dans POUGENS.

    En parlant des personnes, insipide et prétentieux. Caressante sans être fade, Sévigné, 411. Il y a à la ville, comme ailleurs, de fort sottes gens, des gens fades, oisifs, désoccupés, La Bruyère, VI. Un caractère bien fade est celui de n'en avoir aucun, La Bruyère, v. Qui voudrait, au moyen de son air languissant, Passer pour être tendre, et qui n'est rien que fade, Lachaussée, Retour imprév. I, 3. Près de Rose il n'est point fade, Et n'a rien de freluquet, Béranger, Sénateur.

    Substantivement. C'était un grand fade, blondin, assez bien fait, Rousseau, Confess. VI.

SYNONYME

FADE, INSIPIDE. Ce qui est insipide n'a aucune espèce de saveur ; ce qui est fade a une saveur qui, étant plate, déplaît au goût et le soulève. Le fade est donc pire que l'insipide. Cette proposition est vraie au physique, mais il semble qu'au moral c'est le contraire. Qu'on dise qu'une épigramme est fade, cela signifie que le trait n'est pas piquant. Si l'on dit qu'elle est insipide, c'est presque une injure pour l'auteur.

HISTORIQUE

XIIIe s. Ou s'il avient qu'il soit malades Et truist [trouve] toutes viandes fades, la Rose, 5023. Li oil andui [les deux yeux] à ce malade, Ki erent mal, de culur fade, Devenent sain e cler e pur, Éd. le confess. v. 2782. Bien sait qu'elle a esté malade, Qu'encor en a le cuer tot fade, Amadas et Ydoine.

XVIe s. C'est le sel pour donner goust et saveur à toute doctrine, qui autrement seroit fade, Calvin, Instit. 385. Il treuve puis après tous les autres propos fades, bas et indignes de son exaulcement, Amyot, Moral. Ép. p. 12.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. fad ; ital. fado ; du latin fatuus, insipide (comparez FAT). L'u est tombé comme dans le provençal vax, de vacuus.