« fat », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
fat
- 1Sot, niais.
Mais suis-je pas bien fat de vouloir raisonner Où de droit absolu j'ai pouvoir d'ordonner ?
Molière, Sgan. 1.Substantivement.
Monsieur, sortons aussi, ne faisons point les fats ; Ces deux messieurs pourraient revenir sur leurs pas
, Hauteroche, le Souper, 23.Me voilà pris comme un fat, et, sans un peu d'effronterie, j'aurai peine à sortir d'intrigue
, Dancourt, Été des coquettes, sc. 21.Autrefois sur l'honneur on était délicat ; Un mari qui s'en pique à présent est un fat
, Destouches, Irrésolu, I, 7.Ce sens, qui est le sens propre, a vieilli.
- 2Qui est à la fois sans jugement et plein de complaisance pour lui-même.
Qu'importe d'être fat ou de ne l'être pas ? On croit toujours ne le pas être
, De Cailli, dans RICHELET.Il se dit quelquefois des choses.
Il y a peut-être je ne sais quoi de fat à vous envoyer sa médaille
, Voltaire, Lett. d'Argental, 3 mai 1769.Substantivement.
Mais je ne puis souffrir qu'un fat, dont la mollesse N'a rien pour s'appuyer qu'une vaine noblesse, Se pare insolemment du mérite d'autrui
, Boileau, Sat. v.…Voyant un fat s'applaudir d'un ouvrage Où la droite raison trébuche à chaque page
, Boileau, ib. IX.Écoutez tout le monde, assidu consultant ; Un fat quelquefois ouvre un avis important
, Boileau, Art p. IV.Quelle horrible peine à un homme… qui n'a que beaucoup de mérite pour toute recommandation… de venir au niveau d'un fat qui est en crédit !
La Bruyère, II.On écarte tout cet attirail qui t'est étranger pour pénétrer jusqu'à toi qui n'es qu'un fat
, La Bruyère, ib.Tout le monde dit d'un fat qu'il est fat, personne n'ose le lui dire à lui-même
, La Bruyère, XI.Un fat est celui que les sots croient un homme de mérite
, La Bruyère, XII.Le fat est entre l'impertinent et le sot, il est composé de l'un et de l'autre
, La Bruyère, ib.Si le fat pouvait craindre de mal parler, il sortirait de son caractère
, La Bruyère, ib.Plus il voulut faire le fat, plus il prouvait qu'il n'était qu'un sot
, Duclos, Acajou, Œuvres, t. VIII, p. 361, dans POUGENS.Molière et Boileau l'ont employé comme simple terme de mépris.
Il faut que de ce fat j'arrête les complots, Et qu'à l'oreille un peu je lui dise deux mots
, Molière, Tart. III, 1.Je sors de chez un fat qui, pour m'empoisonner, Je pense, exprès chez lui m'a forcé de dîner
, Boileau, Sat. III. - 3Il se dit de celui qui a des prétentions auprès des femmes, ou dont la parure est très recherchée.
Silvia : Volontiers un bel homme est fat, je l'ai remarqué. - Lisette : Oh ! il a tort d'être fat, mais il a raison d'être beau
, Marivaux, Jeux de l'am. et du has. I, 1.Va, ma pauvre enfant, les mots de fat et de coquette ont été inventés par l'envie pour dénigrer les hommes aimables et les jolies femmes
, Saurin, Mœurs du temps, sc. 14.Il devient entreprenant sans désirs, et fat par mauvaise honte
, Rousseau, Ém. IV.Substantivement.
Il ne serait plus rien s'il cessait d'être un fat
, La Chaussée, Retour imprévu I, 2.Quoi ! le peu qui lui restait, Frétillon a pu le vendre Pour un fat qui la battait
, Béranger, Frétillon.
HISTORIQUE
XVIe s. Fat est un vocable de Languegoth [Languedoc], et signifie non sallé, sans sel, insipide, fade : par metaphore signifie fol, niays, despourveu de sens, esventé de cerveau
, Rabelais, Pant. v, Prol. Xerxes estoit un fat, qui, enveloppé en toutes les voluptez humaines, alloit proposer prix à qui luy en trouveroit d'aultres ; mais non gueres moins fat est celuy qui retrenche celles que nature luy a trouvées
, Montaigne, IV, 293.
ÉTYMOLOGIE
Provenç. fat, fou, ignorant ; espagn. et ital. fatuo ; du latin fatuus, fade, insipide, fou, niais (voy. FADE).
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
FAT. Ajoutez : - REM. L'Académie dit que fat n'est usité qu'au masculin. Voici un exemple du féminin : Cette émigration fate [les émigrés à Bruxelles, en 1792] m'était odieuse
, Chateaubriand, Mém. d'outre-tombe, éd. Deros, 1852, t. I, p. 192. Rien n'empêche d'imiter Chateaubriand.