« garnement », définition dans le dictionnaire Littré

garnement

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garnement

(gar-ne-man. Ménage recommande de ne pas prononcer garniment, prononciation qui est la prononciation ancienne et qui était encore en usage chez quelques personnes) s. m.
  • Mauvais sujet, libertin, vaurien. Mais hélas ! toute mon offense Est d'avoir avec violence Aimé ce mauvais garnement, Scarron, Virg. IV. Le peuple des souris croît que c'est châtiment… Enfin qu'on a pendu le mauvais garnement, La Fontaine, Fabl. III, 18. Et j'ai prédit cent fois à mon fils votre père, Que vous preniez tout l'air d'un méchant garnement, Molière, Tart. I, 1. On ne savait ce qu'était devenu le chevalier de la Ferté, qui était un étrange garnement, Saint-Simon, 119, 57. Que cet objet charmant Soit préservé d'un pareil garnement ! Voltaire, l'Enf. pr. I, 1. M. de Louvois avait reçu une lettre de l'interrogant bailli, qui dépeignait l'ingénu comme un garnement qui voulait brûler les couvents et enlever les filles, Voltaire, Ingénu, 9. Cette femme et Birton et les garnements de son cortége, Voltaire, Jenni, 6. Oh, le petit garnement ! aussi leste que joli, Beaumarchais, Mar. de Figaro, II, 15.

HISTORIQUE

XIe s. Franceis i perdent lor meillurs guarnemenz [défenses, défenseurs], Ch. de Rol. CIX.

XIIe s. Bien le conuit Rolant li niés [neveu] Charlon As garnimens qu'il ot et au dragon, Ronc. p. 47. Bele robe et biau garnement Amendent les gens durement, la Rose, 2153.

XIVe s. Il vous renvoiera, ce dist, l'equipollent, Se vous à lui donnez respit tant seulement, Qu'il puist entrer en Rennes bien et paisiblement, Ou vous gardez de lui et toute vostre gent. Dist li ducs de Lencloistre : par le mien serrement, Ja trieves ne donrai à itel garniment, Guesclin. 1174. [Saint Paul] à tuer saint Estienne gardoit les vestemens ; Lors avoit à nom Saules li malvais garnemens, Girart de Ross. v. 5897.

XVe s. Et estoit leur capitaine [aux paysans anglais revoltés] un mauvais garnement qui s'appeloit Listier, Froissart, II, II, 114. Alors tu es bons garnemens, la Nativ. de N. S. J. C. f° 261. Chascun me dit : tu es lais garnemens ; Gros visage as, tu es noirs et hallez, Deschamps, Poésies mss. f° 209.

XVIe s. … Dont plusieurs faulx garnemens, Ignorans tels ferremens, Furent renversez par terre, Marot, J. V, 299. …Pour depescher le pays de ce mechant garnement de renard, Despériers, Contes, XXX.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. garnimen ; catal. guarniment : anc. espagn. guarnimiento ; ital. garnimento. On suit sans peine la transformation des sens : d'abord ce qui garnit, ornement, armure, vêtement ; puis ce qui défend, défenseur ; de là, appliqué à une personne, bon garnement, mauvais garnement, et enfin, le mot se spécialisant tout à fait et perdant son sens favorable, mauvais sujet.