« gelée », définition dans le dictionnaire Littré

gelée

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

gelée

(je-lée) s. f.
  • 1Froid qui glace l'eau et qui rend les corps plus rigides, Le temps est à la gelée. Tous ceux qui connaissent un peu les bois savent que la gelée du printemps est le fléau des taillis, Buffon, Hist. nat. Introd. Œuvres, t. VIII, p. 367, dans POUGENS. Presque tous conviennent qu'elles [les cailles] s'en vont à la première gelée d'automne, dont l'effet est d'altérer la qualité des herbes et de faire disparaître les insectes, Buffon, Ois. t. IV, p. 249.

    Gelée blanche, congélation de la rosée avant le lever du soleil pendant les nuits sereines du printemps et de l'automne. Si l'air est assez froid pour que cette rosée se gèle, elle formera ce qu'on nomme la gelée blanche ; ce sera, en quelque sorte, la cristallisation de l'eau, Bonnet, Us. feuill. plantes, Suppl. 2e.

  • 2Suc de viande ou de quelque autre substance qui a pris une consistance molle en se refroidissant. Gelée au rhum. Gelée de veau. Un plat de gelée. Le roi prit de temps en temps un peu de gelée et de l'eau pure, Saint-Simon, 405, 58.

    Populairement et fig. Nous aurons demain un plat de gelée, il gèlera demain.

  • 3Jus de fruits cuits qui se coagule par le refroidissement. Gelée de groseilles, de pommes.
  • 4État gélatineux de parties végétales ou animales. Telle a été la première forme du chêne majestueux et du puissant rhinocéros ; ils n'ont été au commencement qu'une goutte de gelée et moins encore, Bonnet, Lettr. div. t XII, p. 13. Combien l'organisation de ces petits animaux, qui semblent n'être qu'une gelée épaissie, diffère-t-elle de celle des animaux que leur grandeur et leur consistance soumet au scalpel de l'anatomiste ! Bonnet, Paling. philos. v, 3.
  • 5État que l'alumine, la silice, la colle, etc. prennent, quand, ayant été dissoutes dans un liquide, elles s'en séparent à l'état solide. On les distingue [certaines pierres] des pierres purement vitreuses ou calcaires en leur faisant subir l'action des acides ; ils ne font d'abord aucune effervescence avec ces matières, et cependant elles se convertissent à la longue en une forte gelée, Buffon, Min. t. VIII, 139, dans POUGENS.

    En gelée, en forme de gelée. Cette dissolution se prend en gelée par le refroidissement.

    Ancien terme de chimie. Gelée minérale, nom donné à quelques précipités.

    Terme d'alchimie. Gelée du loup, teinture d'antimoine.

  • 6 Terme de zoologie. Gelée de mer, espèce de méduse.

PROVERBES

La gelée n'est bonne que pour les choux.

Gelée hors de saison gâte la vigne et la moisson.

Est à la terre la gelée Ce qu'aux vieillards robe fourrée.

La gelée blanche, sous la planche, c'est-à-dire elle passe sous la planche du ruisseau ; elle finit par la pluie.

HISTORIQUE

XIIe s. Autressi blanche come neif sur gelée, Ch. de Rol. CCXL. Il ocist les moriers d'els en gelede, Liber psalm. p. 109.

XIIIe s. Dieux broï par gelée tous les arbres, Psautier, f° 95. Li flum sont grant, et li plouasse et les neges et les gielées, H. de Valenciennes, XVII. En plusor bos [bois] [il] est main et soir manans, Et par chaut tens et par froide gelée, Hist. litt. t. XXIII, p. 535.

XIVe s. Car de faim et de froit, de soif et de gelée Avoit chascun sa char traveillie et penée, Guesclin. 12558. Gelée d'escrevices, lapereau et cochon, Ménagier, II, 4.

XVIe s. Les pierres sont sujettes à la gelée, Palissy, 238. De la gelée faite avec du jus de citron, et non avec le vin, sans beaucoup de canelle, Paré, XX, 11. Par excellence quand l'on parle des gelées s'entend celle du coin, De Serres, 867. Blanche gelée est de pluye messagere, Génin, Récréat. t. II, p. 235. La gelée ne fault au gresil Non plus que le pere au fils, Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 99. Les avocats sont bons à faire gelée, ils prennent le mieux du monde, Cholières, Contes, t. I, Matin. 3.

ÉTYMOLOGIE

Gelé ; bourguign. jaulée ; provenç. gelada, gilada ; espagn. helada ; portug. geada ; ital. gelata.