« glouton », définition dans le dictionnaire Littré

glouton

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

glouton, onne

(glou-ton, to-n') adj.
  • 1Qui mange avec avidité, avec excès. Chasse des soldats gloutons La troupe fière et hagarde Qui mange tous mes moutons Et bat celui qui les garde, La Fontaine, Poés. mêlées, XVII.

    Il se dit des choses. Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons, J'ai dévoré force moutons, La Fontaine, Fabl. VII, 1. Son vœu l'avertit d'être sage ; Son appétit glouton n'est pas du même avis, Lamotte, Fabl. I, 8.

    Substantivement. Un glouton, une gloutonne. Nous voulons, dirent-ils, étouffer le glouton Qui nous a pris Robin-mouton, La Fontaine, Fabl. IX, 19. Vous n'exaltez, maîtres gloutons, Que la gloire des marmitons, Béranger, Gourm.

  • 2 Terme de zoologie. Les gloutons, nom d'un genre de mammifères de l'ordre des carnassiers. Il y a au Kamtschatka un animal appelé glouton, dont la fourrure est si estimée, que, pour dire qu'un homme est richement habillé, on dit qu'il est vêtu de fourrure de glouton, Buffon, Quadrup. t. XIII, p. 5.

HISTORIQUE

XIe s. Nous avon dreit, mais cist glutun ont tort, Ch. de Rol. XCI. Par tel gluton n'ert [sera] bataille vaincue [gagnée], ib. CII. Mors est li gluz qu'[qui] en destreit vous teneit, ib. CCLII.

XIIe s. Si grant mensonge où put cist gloz trover ? Ronc. p. 185.

XIIIe s. Renart li dist : tu es trop glot ; Porquoi as le pot abatu ? Ren. 2788.

XIVe s. Et poent estre diz en françois gloutons et gourmans, Oresme, Eth. 91. Icellui Robert, qui estoit puissant homme de corps, mauvais glout et de mauvaise renommée, Du Cange, glotonus.

XVe s. Et fut pris [l'archevêque de Cantorbery] de ces gloutons [les paysans révoltés], et tantost decollé, Froissart, II, II, 112. Glout a tout, ou il pert tout, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 198. Qui glouton haste, estrangler le veut, Leroux de Lincy, ib. p. 393. Gloutz [avides] d'honneur acquerre, Perceforest, t. IV, f° 82. De ce que tu nous as compté, C'est un glout sans nulle bonté ; Onques ne pensa bien à faire, la Pass. de N. S. J. C.

XVIe s. Manger de glouton, chair de mouton, Cotgrave Qui de tout n'essaye n'est pas bon glouton, Cotgrave Les estroicts baisers de la jeunesse, savoureux, gloutons, Montaigne, I, 392.

ÉTYMOLOGIE

Bourg. glôton ; wallon, glot, friand ; prov. glot, gloto ; anc. cat. glot, glotó ; esp. gloton ; port. glotão ; ital. ghiotto, ghiottone ; du lat. gluto, glutonis, de glutus, gosier. On signale, dans le kimry, glwth, vorace. Dans le vieux français, li gloz, nominatif singulier, du latin glúto ; le gloton, régime singulier, de glutónem ; li gloton, nominatif pluriel, de glutónes ; les glotons, régime pluriel. Le provençal suit la même déclinaison. C'est de gloz au nominatif que dérive glout, employé pour glouton dans les âges postérieurs, et même par la Fontaine. Dans l'ancienne langue, gloz, gloton avait un sens plus étendu, et était un terme d'injure signifiant méchant.