« guetter », définition dans le dictionnaire Littré

guetter

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

guetter

(ghè-té) v. a.
  • 1Épier, observer, à dessein de surprendre, de nuire. Une souris craignait un chat Qui dès longtemps la guettait au passage, La Fontaine, Fabl. XII, 25. Le loup et le renard sont d'étranges voisins ! Je ne bâtirai point autour de leur demeure ; Ce dernier guettait à toute heure Les poules d'un fermier…, La Fontaine, ib. XI, 3. Je n'ai rien à me dire - Encore un petit mot - Il ne me plaît pas, moi - Certes je t'y guettais, Molière, Tart. II, 2. Diodore de Sicile dit que, jour et nuit, l'ibis se promène sur la rive des eaux, guettant les reptiles, cherchant leurs œufs et détruisant en passant les scarabées et les sauterelles, Buffon, Ois. t. XV, p. 17. Un diable cornard effronté, Vilains, ici guette vos belles, Béranger, Contr. de mar.

    Fig. et familièrement. Observer quelqu'un comme en faisant le guet, l'attendre à un endroit où il doit passer. Je guette ici le ministre pour lui présenter une pétition. Si ce n'est pas toi qui as parlé, il y a donc ici quelqu'un qui nous guette, Collé, Partie de chasse de Henri IV, II, 2.

    Absolument. Je fais une réflexion, je suis une étourdie ; je devais accompagner Souveraine, elle aurait guetté de son côté et moi du mien, Saint-Foix, Oracl. 3.

    Guetter l'occasion favorable de faire une chose, se tenir prêt à saisir l'occasion quand elle se présentera.

    On dit de même : guetter le moment favorable. Et vous voilà à guetter le moment de son réveil, Marivaux, Arleq. poli par l'amour, sc. 1. Occupé comme l'araignée à tendre ses filets et à guetter l'instant d'y envelopper sa proie, Marmontel, Mém. X.

    Terme de vénerie. Guetter le relevé, attendre le moment où la bête sort de son abri pour aller repaître.

  • 2Se guetter, v. réfl. Faire le guet l'un de l'autre. Ils se guettaient réciproquement.

HISTORIQUE

XIe s. E si aveir [bestiaux] trespassent per iloc ù il deivent waiter, Lois de Guill. 32.

XIIe s. Mil eschargaite [sentinelles] les gaitent en veillant, Ronc. p. 111.

XIIIe s. Lasgur vit que Jacques d'Avesne n'avoit mie grant gent et qu'il ne se gaitoit mie bien, Villehardouin, CXXXV. Et pour ce clamoit il la terre et la tenoit encontre les Frans, et les gaitoit partout là où il estoient, Villehardouin, CXXIX. Car dui larron venoient de marcheans guetier, Berte, XXXVIII. Et fist si bien les chemins gaitier, que nus messages ne pooit issir, Chr. de Rains, p. 72. Li preudome du mestier devant dit dient qu'il n'avoient onques guestié [fait le guet] au tans le roy Phelippe, ne puis le tans le roy…, Liv. des mét. 78.

XVe s. …Cuidant que ceux de la ville le deussent mectre ens ; mais ilz ne peurent, car ilz furent trop près vaitiés, Fenin, 1413.

XVIe s. Celuy qui tire ainsi hors sa languette, Destruira brief quelcun, s'il ne s'en guette, Marot, I, 250. Il semble que la fortune quelquesfois guette à poinct nommé le dernier jour de nostre vie, pour…, Montaigne, I, 66. Il faut prevoir l'occasion, la guetter, l'attendre, la voir venir, Charron, Sagesse, p. 354, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Picard, vater, regarder ; Bar-le-Duc, ouaitter ; norm. guetter, regarder ; wallon, waiti ; provenç. gaitar, gachar ; ital. guatare ; de l'anc. h. allem. wahtân, veiller, garder.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

GUETTER. Ajoutez :
3Se guetter, prendre garde, se méfier. Ils se trouveront accablés d'un côté d'où ils ne se guettent pas, Malherbe, Lexique, éd. L. Lalanne.

ÉTYMOLOGIE

Ajoutez : D'Arbois de Jubainville (Revue celtique, t. II, p. 127) dit que guetter provient non du vieux haut-allem. vahtan, mais du substantif franc vacta, que nous ont conservé plusieurs textes carlovingiens.