« héberger », définition dans le dictionnaire Littré

héberger

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

héberger

(é-bèr-jé. Le g prend un e devant a et o ; j'hébergeais, nous hébergeons) v. a.
  • 1Loger, recevoir chez soi. Notre petit château espère toujours d'avoir l'honneur de vous héberger, quand vous prendrez le chemin de la France, Voltaire, Lett. Chauvelin, 14 févr. 1763. Présentez-vous chez le docteur en habit de cavalier, avec un billet de logement ; il faudra bien qu'il vous héberge, Beaumarchais, Barb. de Sév. I, 4.

    Par extension. Chez les loups qu'hébergeait ce lieu peu fréquenté, La Fontaine, Pet. chien.

    Fig. …d'où vient qu'aussi Je ne puis héberger cette capricieuse [la Fortune] ? La Fontaine, Fabl. VII, 12.

  • 2 Terme de salines. Héberger la muire, charger d'eau le poêle.
  • 3V. n. (emploi qui est peu usité). Nous avons passé plus de dix ponts qui n'étaient gardés de personne, et, partout où nous avons hébergé, nos hôtes n'ont point fait de difficulté de prendre de l'argent de nous, Voiture, Lett. 85.
  • 4S'héberger, v. réfl. En termes d'architecture, s'adosser sur et contre un mur mitoyen.

HISTORIQUE

XIe s. Franc se herbergent par tute la contrée, Ch. de Rol. LIV. Dist l'emperere : tens est de l'herberger, ib. CLXXVII. Desuz la rive sont Franceis hebergiez, ib. CXCVI.

XIIe s. Chez un hoste [ils] herbergent, qui moult estoit prudhon, Sax. XXII.

XIIIe s. Et quant il furent hebregié, si avint, au tiers jor, une grant mesaventure illuec, entour l'eure de vespres, Villehardouin, XLIX. Li quens [le comte] les heberja mout honorablement, Berte, IX. Saint Juliens, fait-ele, veuillez moi hebergier, ib. XXXIX. Ne purquant jo sui enveiez Pur vus herberger e servir, Lai del desiré. Car li leus [le lieu] d'oisiaus herbergier N'estoit ne dangereus ne chiches, Onc mès ne fu nus leus si riches D'arbres, ne d'oisillons chantans, la Rose, 472. Travail et dolor là herbergent, ib. 4539. Et en tex [telles] manieres de cuers [cœurs] ne se pot loiatés herbegier, Beaumanoir, I, 7.

XVIe s. Il delibera en ycelle ville se heberger soy et ses gens, Rabelais, Garg. I, 38. Et plus cent fois me plaisoit d'ouyr dire : Pan, fais bon œil à Robin le berger, Que veoir chez nous trois cents bœufz heberger, Marot, I, 222.

ÉTYMOLOGIE

Berry, auberger, aberger et heberger, couvrir, abriter ; bourguig. eborgé ; génev. aberger ; provenç. alberguar ; espagn. et portug. albergar ; ital. albergare ; du germanique : anc. h. allem. heriberga, campement militaire, de heri, armée, et berge, logement : proprement logement des gens de guerre, puis, par extension du sens, logis en général et même auberge (voy. ce mot).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

HÉBERGER. Ajoutez :

Héberger la moisson, la rentrer. Ajoutez-vous un jour à la semaine, ou si vous vous chargez d'héberger la moisson et de labourer les champs ? Proudhon, La célébration du dimanche, 1868, in-12, p. 140.

ÉTYMOLOGIE

Ajoutez : Heriberga est une forme postérieure à la forme en a de l'époque mérovingienne, D'ARBOIS DE JUBAINVILLE, Romania, n° 2, p. 141 (voy. AUBERGE au Supplément).