« idolâtrie », définition dans le dictionnaire Littré

idolâtrie

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

idolâtrie

(i-do-lâ-trî) s. f.
  • 1Adoration des idoles ; culte rendu aux créatures. Réduite à balancer son esprit agité Entre l'idolâtrie et l'impudicité, Corneille, Théod. III, 1. Après, on voit le voyage [des Israélites] continué dans le désert, les révoltes, les idolâtries, les châtiments, les consolations du peuple de Dieu, que ce législateur tout-puissant forme peu à peu par ce moyen, Bossuet, Hist. I, 4. Il [Salomon] s'abandonne à l'amour des femmes, son esprit baisse, son cœur s'affaiblit, et sa piété dégénère en idolâtrie, Bossuet, ib. I, 6. Le sens humain, abruti, ne pouvait plus s'élever aux choses intellectuelles ; et, les hommes ne voulant plus adorer que ce qu'ils voyaient, l'idolâtrie se répandait par tout l'univers, Bossuet, ib. II, 2. Il y a des erreurs où nous tombons en raisonnant ; car l'homme s'embrouille souvent à force de raisonner ; mais l'idolâtrie était venue par l'extrémité opposée : c'était en éteignant tout raisonnement et en laissant dominer les sens qui voulaient tout revêtir des qualités dont ils sont touchés, Bossuet, ib. II, 11. La plus ancienne et la plus générale idolâtrie a été celle qui a eu le soleil et la lune pour objet, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. II, p. 438, dans POUGENS. Il y a mille témoignages que les sages abhorraient non-seulement l'idolâtrie, mais encore le polythéisme, Voltaire, Dict. phil. Idolâtrie.

    Acte d'idolâtrie. Si l'Église est vivante malgré les idolâtries dont on l'accuse, ces idolâtries n'empêchent pas que la foi et la charité ne s'y trouvent, ni par conséquent qu'on ne s'y sauve, Bossuet, 3e avert. 4.

  • 2 Fig. Amour excessif. Aimer nos ennemis avec idolâtrie, Corneille, Hor. V, 3. Ainsi nous ferons voir l'amour de la patrie, Pour qui vont les grands cœurs jusqu'à l'idolâtrie, Corneille, Sert. III, 2. Des femmes en qui le démon habite, qui font à de misérables hommes mille plaies mortelles ; et des hommes qui percent le cœur de ces femmes par leurs criminelles idolâtries, Nicole, Ess. mor. 3e traité, ch. 3. Antoine, qui l'aima jusqu'à l'idolâtrie, Racine, Bérén. II, 2. Cher Corasmin, je l'aime avec idolâtrie, Voltaire, Zaïre, I, 5. On peut juger avec quelle idolâtrie il [Pierre le Grand] fut reçu par un peuple de commerçants et de gens de mer dont il avait été le compagnon, Voltaire, Russie, II, 7. D'un peuple adulateur l'ardente idolâtrie, Delavigne, Paria, I, 1.

REMARQUE

L'Académie écrit latrie sans accent ; on lui a reproché cela comme une inconséquence ; mais elle n'a voulu sans doute que noter la prononciation, qui diffère en effet dans latrie et idolâtrie.

HISTORIQUE

XIIe s. E le altel ki fud en Bethel, e la ydolatrie que Jeroboam out faite, Rois, p. 428.

XIIIe s. Idolatrie vault autant com mescreance, C'est cil qui en avoir met toute sa creance, Quí tant le croit et aime qu'ailleurs n'a sa beance [désir], J. de Meung, Test. 1717.

XVIe s. Et nous chantons la vanité de l'idolatrie ancienne, Du Bellay, J. III, 89, verso.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. ydolatria ; espagn. et ital. idolatria, du lat. idololatria, qui vient de εἰδωλολατρεία, de εἵδωλον, idole, et λατρεία, latrie. La forme complète serait idololatrie ; mais depuis longtemps les langues romanes ont raccourci ce mot.