« ignorant », définition dans le dictionnaire Littré

ignorant

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

ignorant, ante

(i-gno-ran, ran-t') adj.
  • 1Qui est sans lettres, sans études, qui n'a point de savoir. Enfin, quoique ignorante à vingt et trois carats, Elle passait pour un oracle, La Fontaine, Fabl. VII, 15. Il affecte quelquefois de paraître ignorant, tient sa science renfermée, Molière, Méd. malgré lui, I, 5. Puisque vous n'en êtes pas plus grasse pour être ignorante, Sévigné, 432. N'est-ce pas une chose plaisante… que l'ignorant Mahomet ait donné une religion à l'Asie et à l'Afrique, et que MM. Newton, Clarke, Locke, Leclerc, les plus grands philosophes de leur temps, aient pu à peine venir à bout d'établir un petit troupeau ? Voltaire, Dict. phil. Sociniens.

    Frères ignorants, nom que l'on donnait en Italie aux capucins.

  • 2Qui n'est pas instruit de certaines choses. Ignorant en histoire. Il est ignorant sur les matières dont vous lui parlez. Ce sont gens de difficultés [les avocats] et qui sont ignorants des détours de la conscience, Molière, Mal. imag. I, 9. Ô vanité ! ô néant ! ô mortels ignorants de leurs destinées ! Bossuet, Duch. d'Orl. La paix, la conscience ignorante du crime, La simplicité chaste aux regards caressants, Chénier, Élég. XXX.

    En termes de palais, être ignorant du fait.

    Familièrement. J'en suis aussi ignorant que l'enfant qui est à naître, qui vient de naître, c'est-à-dire j'ignore absolument la chose dont il est question.

    Un médecin ignorant, un magistrat ignorant, etc. médecin, magistrat, etc. qui n'ont pas les connaissances, les lumières exigées par leur profession. D'un magistrat ignorant C'est la robe qu'on salue, La Fontaine, Fabl. V, 14.

  • 3En parlant des choses, qui a le caractère de l'ignorance. Leurs ignorantes et iniques décisions. Choqué de l'ignorante audace avec laquelle il [Perrault] y décide de tout ce qu'il y a de plus révéré dans les lettres, Boileau, Réfl. sur Longin, Conclusion des neuf premières réflex.
  • 4 Substantivement. Un ignorant. Une ignorante. Mon ami, l'ignorante ignore son devoir, Et peut s'en écarter sans s'en apercevoir, Destouches, Homme sing. I, 2. Un homme d'esprit et de bon sens disait un jour d'un grave docteur : Il faut que cet homme-là soit un grand ignorant, car il répond à tout ce qu'on lui demande, Voltaire, Dict. phil. Annales. Une bonne femme m'a guéri à peu près d'un mal d'yeux… c'était à M. Tronchin à m'enseigner ce qu'il fallait faire, et c'est une vieille ignorante qui m'a rendu le jour, Voltaire, Lett. Mme du Deffant, 22 avr. 1764. L'ignorant est un orphelin, Diderot, Opin. des anc. phil. (Sarrasins).

    Faire l'ignorant, faire semblant de ne pas savoir. En faveur de mon fils vous faites l'ignorant, Corneille, Ment. V, 1.

REMARQUE

Ignorant de, signifie qui ignore, qui ne connaît pas ceci ou cela : l'homme ignorant de sa destinée ; on dit aussi en ce sens ignorant sur. Ignorant en, dans, signifie qui n'a pas d'instruction, de connaissances en ceci ou en cela : ignorant en jurisprudence, dans la jurisprudence.

HISTORIQUE

XIVe s. Celle multitude ignorant et rude, Bercheure, f° 13. Il n'estoit pas ignorant de leurs emprises, Bercheure, f° 66.

XVIe s. Nous savons bien quels nous sommes aujourd'hui, mais nous sommes ignorans quels nous serons demain, Calvin, Instit. 780. Tout meschant est ignorant, Cotgrave

ÉTYMOLOGIE

Provenç. ignorans ; esp. et ital. ignorante ; du lat. ignorantem (voy. IGNORER).