« indépendant », définition dans le dictionnaire Littré

indépendant

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

indépendant, ante

(in-dé-pan-dan, dan-t') adj.
  • 1Qui ne dépend point de, qui n'est point subordonné à, en parlant des personnes. Son âme se maintint toujours libre et indépendante de la fortune, La Fontaine, Vie d'Ésope. Dieu est indépendant par lui-même et par sa nature ; et le roi est indépendant à l'égard des hommes et sous les ordres de Dieu, qui seul aussi peut lui demander compte de ce qu'il fait, Bossuet, Var. 5e avert. § 43. Lorsque les ordres absolus De l'être indépendant qui gouverne le monde, Deshoulières, t. I, p. 131. D'autres s'imaginèrent que [le plus libre de tous les hommes] c'était un barbare qui, vivant de sa chasse au milieu des bois, était indépendant de toute police et de tout besoin, Fénelon, Tél. V. Ce cœur indépendant des outrages du sort, Voltaire, Mariane, II, 4. Enfin il [M. de Voltaire] avait tellement arrangé sa destinée, qu'il se trouvait indépendant à la fois en Suisse, sur le territoire de Genève et en France, Voltaire, Comm. œuv. aut. Henriade. Ses généraux, fatigués comme lui [Napoléon], trop indépendants les uns des autres, trop séparés, et en même temps trop dépendants de lui, osaient moins et attendaient souvent ses ordres, Ségur, Hist. de Nap. IV, 6.
  • 2Qui est libre de toute dépendance politique. Et ce grand nom de reine ailleurs ne m'autorise Qu'à n'y voir pas de trône à qui je sois soumise, à vivre indépendante, Corneille, Nicom. III, 1. [Ils] Veulent sur tous les rois un si haut ascendant Que leur empire seul demeure indépendant, Corneille, ib. V, 1. Madagascar est divisé en plusieurs peuplades plus ou moins nombreuses, mais indépendantes les unes des autres, Raynal, Hist. phil. IV, 4.

    Se rendre indépendant, se dit d'un chef qui rompt ses liens de subordination avec le prince ou l'État, et se fait prince ou chef d'État. Rien ne put lui persuader [à Maximin] de se soumettre à Licinius, et il se rendit indépendant dans l'Orient, Bossuet, Hist. I, 10.

  • 3Qui ne dépend de personne, en parlant des particuliers. Je sentis alors qu'il n'est pas toujours facile d'être pauvre et indépendant, Rousseau, Conf. VIII. Voltaire voulut devenir riche pour être indépendant, Condorcet, Vie de Voltaire.

    Il se dit, dans le même sens, de la fortune, de la situation. Une position indépendante. Sa fortune est tout à fait indépendante, et son âme encore plus, Staël, Corinne, VI, 4.

  • 4Qui aime à ne dépendre de personne, qui ne se laisse pas dominer par la volonté d'autrui. Il [Dieu] voulait découvrir par un grand exemple tout ce que peut l'hérésie, combien elle est naturellement indocile et indépendante, combien fatale à la royauté, Bossuet, Reine d'Anglet. Son cœur indépendant [de Brutus] Sur mes sens étonnés prend un fierascendant…, Voltaire, M. de Cés. I, 1. Toujours indépendant et toujours citoyen, Voltaire, ib. III, 1.
  • 5Qui n'est pas subordonné à…, en parlant des choses. Et que de votre cœur vos yeux indépendants Triomphent comme moi des troubles du dedans, Corneille, Oth. I, 3. [Les rois] De qui l'indépendante et sainte autorité Est un rayon secret de leur divinité [des dieux], Corneille, Hor. III, 3. [Chez les protestants] une caisse commune, des citadelles indépendantes du roi, des assemblées politiques permises, et comme une république autorisée au milieu d'un État purement monarchique, Anquetil, Ligue, III, 349.
  • 6Il se dit des choses qui n'ont point de rapport, de relation avec une autre. Ô règle infaillible descendue du ciel, toujours indépendante des lieux, des temps, des nations, des intérêts, Massillon, Carême, Vérité de la relig.

    Terme de géologie. Formations indépendantes, celles qui ont été retrouvées les mêmes dans des contrées éloignées les unes des autres.

    Terme d'horlogerie. Secondes indépendantes, celles qui, dans une montre à secondes, se meuvent par un mécanisme qui n'est pas lié à celui des heures.

  • 7 S. m. Nom, en Angleterre, d'une secte qui ne reconnaissait pas d'autorité ecclésiastique et dont Cromwell fut un des chefs. Les calvinistes, plus hardis que les luthériens, ont servi à établir les sociniens, qui ont été plus loin qu'eux et dont ils grossissent tous les jours le parti ; les sectes infinies des anabaptistes sont sorties de cette même source ; et leurs opinions mêlées au calvinisme ont fait naître les indépendants, qui n'ont point eu de bornes, Bossuet, Reine d'Anglet. De là est né ce prétendu règne de Christ, inconnu jusqu'alors au christianisme, qui devait anéantir toute royauté et égaler tous les hommes ; songe séditieux des indépendants et leur chimère impie et sacrilége, Bossuet, ib. Cromwell et ses indépendants y étaient les maîtres, Voltaire, Mœurs, 180.

    Nom donné à tous les dissidents d'Écosse et de Hollande qui rejettent l'autorité des synodes.

    Les indépendants, nom donné aux Américains qui combattirent contre l'Angleterre pour leur indépendance.

ÉTYMOLOGIE

In… 1, et dépendant.