« induction », définition dans le dictionnaire Littré

induction

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

induction

(in-du-ksion ; en vers, de quatre syllabes) s. f.
  • 1Action d'induire, de mener vers, suggestion. Il s'est laissé aller à cela par l'induction d'un tel. Par l'induction de son conseil, elle jugea que…, Maucroix, Schisme, liv. IV, p. 445, dans RICHELET.
  • 2Manière de raisonner qui consiste à inférer une chose d'une autre. Il ne peut juger des choses qu'il ne voit pas que par induction sur celles qu'il voit, Rousseau, Hél. VI, 7. Les vérités d'existence appartiennent aux sens, celles d'induction à la raison, Diderot, Opin. des anc. phil. (épicurisme).

    Terme de philosophie. Sorte d'analyse où l'on va des effets à la cause, des conséquences au principe, du particulier au général (voy. ANALYSE), ou, autrement, opération qui découvre et prouve les propositions générales, procédé par lequel nous concluons que ce qui est vrai de certains individus d'une classe est vrai de toute la classe, ou que ce qui est vrai en certain temps sera vrai en tout temps, les circonstances étant pareilles. Une induction est essentiellement la perception qui nous montre qu'un cas particulier appartient à une certaine classe de cas préalablement généralisés.

  • 3Conséquence que l'on tire par induction. Pour confirmer toutes ces inductions, on m'a communiqué deux pièces, Patru, Plaidoyer 3, dans RICHELET. Il lui serait libre de tirer de leurs paroles telle induction qu'il lui plairait, Bossuet, Confér. avec Claude, II. Sans faire ici une longue induction, n'est-ce pas ce que nous avons vu presque de nos jours dans l'hérésie du siècle passé ? Bourdaloue, 3e dim. après la Pentec. Domin. t. II, p. 361. Leur physique [des anciens] est pleine de qualités occultes et d'inductions vagues qu'ils tirent presque toujours des affections de l'âme appliquées à la matière, de sympathies et d'antipathies, Mairan, Éloge de l'abbé de Molières. Ceux qui savent évaluer la force des inductions et apprécier la valeur des analogies, Buffon, Hist. min. Introd. 2e part. Œuv. t. VI, p. 202. Cette induction que nous faisons tous, sans savoir pourquoi, de ce qui se passe en nous à ce qui se passe au dedans des autres, Diderot, Lett. sur les aveugles.

    En plaidoierie et discussion juridique. Argument, qui, d'un fait constaté, en infère, par voie de conséquence, un autre pour lequel on manquait de preuve directe. Tel fait allégué n'est pas établi, ce n'est qu'une induction.

  • 4 Terme de physique. Si l'on fait passer le courant électrique développé par une pile ou par un aimant, à travers un fil de cuivre d'une certaine longueur, isolé par un fil de soie qui le recouvre, et enroulé autour d'une bobine, il y a production, chaque fois qu'on interrompt ou qu'on rétablit le courant, d'un courant électrique inverse dans le fil induit, au moment de l'ouverture du circuit inducteur, et manifestation d'un courant direct au moment de sa fermeture. Courant d'induction.
  • 5L'action d'étendre ou d'appliquer quelque chose sur la surface d'un objet, surtout quelque chose de ductile et de mou.

HISTORIQUE

XIVe s. Et tant fist par ses inductions [suggestions] que le pueple latin avecques les Romains furent d'acort de fere à Rome un temple par commun, Bercheure, f° 22, recto. Induction est quant de pluseurs particuliers l'en conclut universelment, Oresme, Thèse de MEUNIER.

XVIe s. Commander, conduire et guider, non par dures ni violentes contraintes, mais par molles et douces inductions et persuasions, Amyot, De la vertu morale, 5.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. inductio ; espagn. induccion ; ital. induzione ; du lat. inductionem, qui vient de inductum, supin de inducere, induire.