« invisible », définition dans le dictionnaire Littré

invisible

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

invisible

(in-vi-zi-bl') adj.
  • 1Qui n'est pas visible, qui échappe à la vue. Ô Éternel, veillez sur elle [la fille de la reine d'Angleterre, délaissée en une ville ennemie] ; anges saints, rangez à l'entour vos escadrons invisibles, et faites la garde autour du berceau…, Bossuet, Reine d'Angl. Esprit saint, esprit pacifique, je vous ai préparé les voies en prêchant votre parole… descendez maintenant, ô feu invisible ; et que ces discours enflammés que vous ferez au-dedans des cœurs les remplissent d'une ardeur céleste, Bossuet, la Vallière. Parlez dans les cœurs, prédicateur invisible, et faites que chacun se parle à soi-même, Bossuet, Anne de Gonz. Élevant son esprit aux choses invisibles de Dieu par les merveilles visibles de la nature, Fléchier, Lamoig. Et que derrière un voile, invisible et présente, J'étais de ce grand corps [le sénat] l'âme toute-puissante, Racine, Brit. I, 1. Platon raconte l'histoire de Gygès autrement qu'Hérodote : c'est lui qui nous apprend que Gygès portait une bague, dont la pierre le rendait invisible quand il la tournait de son côté, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. II, p. 109, dans POUGENS. Dieu t'a fait pour l'aimer, et non pour le comprendre ; Invisible à tes yeux, qu'il règne dans ton cœur, Voltaire, Henr. VII. Il y a cent mains invisibles qui lancent des flèches contre la superstition, Voltaire, Lett. Mme du Deffant, 26 déc. 1768. C'est le signe visible [mettre la main sur son cœur], comme tu le sais, de la sincérité qui est invisible, Voltaire, Amabed, 2e lett. Adaté. Le culte des êtres invisibles que l'imagination suppose cachés dans tous les instruments du mal, Raynal, Hist. phil. VIII, 24.

    S. m. L'invisible, ce qui n'est pas visible. Il [Pégase] hennissait vers l'invisible, Hugo, Chansons des bois et des rues, Pégase.

  • 2 Fig. Qui se cache, qui ne se laisse point voir. Au fond de leurs palais leur majesté terrible [des rois de Perse] Affecte à leurs sujets de se rendre invisible, Racine, Esth. I, 3. Je vois avec mépris ces maximes terribles Qui font de tant de rois des tyrans invisibles, Voltaire, Zaïre, I, 3.

    Familièrement. Être invisible, ne se faire voir, ne recevoir que rarement.

    Cet homme est invisible, on ne le trouve jamais chez lui.

  • 3Devenir invisible, disparaître subitement sans que personne s'en aperçoive. Il était là tout à l'heure, il est devenu invisible.

    On dit dans le même sens qu'un objet est devenu invisible, quand, venant de le voir ou de le toucher, on ne peut plus le retrouver.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et d'autres coses [choses] ki nous sont invisibles, Alebrand, f° 1.

XIVe s. Les medecines qui sont amenistrées en seche substance, ne penetrent pas aux concavités de la plaie qui sont invisibles et tortues, H. de Mondeville, f° 64.

XVe s. Et parmi celle humanité, Que Dieu, qui estoit invisibles, Prist, se fist il à nous visibles, Myst. Barl. et Jos. dans GUI DE CAMBRAI, p. 405.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. invisible, envesible ; espagn. invisible ; ital. invisibile ; du lat. invisibilis, de in… 1, et visibilis, visible.