« leurre », définition dans le dictionnaire Littré

leurre

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

leurre

(leu-r') s. m.

Terme de fauconnerie.

  • 1Morceau de cuir rouge, en forme d'oiseau, qui sert pour rappeler l'oiseau de proie lorsqu'il ne revient pas droit sur le poing. Son maître le rappelle et crie et se tourmente, Lui présente le leurre et le poing, mais en vain, La Fontaine, Fabl. XII, 12. Quoique l'alouette s'élève beaucoup, le hobereau vole encore plus qu'elle, et on peut le dresser au leurre comme le faucon et les autres oiseaux du plus haut vol, Buffon, Ois. t. II, p. 44.

    Oiseaux de leurre, ceux qu'on rappelle au leurre ; tels sont le faucon, le gentil-pèlerin, le gerfaut-lanier, le sacre, l'aigle et l'émerillon, par opposition aux oiseaux de poing, qui ne se dressent pas au leurre.

    Acharner le leurre, le garnir de chair ; le décharner, ôter le morceau de chair.

    Espèce de chasse à l'oiseau dans laquelle on emploie l'appât nommé leurre.

  • 2 Fig. Chose artificieusement présentée pour attirer et tromper. L'exemple est un dangereux leurre, La Fontaine, Fabl. II, 16. Quand, ébloui de ce leurre, il aurait une fois consenti à ce qui vous touche, il importerait peu ensuite qu'il se désabusât, Molière, l'Avare, IV, 1. L'étalage de l'espérance est le leurre de tous les pipeurs d'argent, Buffon, Ess. arith. mor. L'incertitude de l'avenir m'a toujours fait regarder les projets de longue exécution comme des leurres de dupe, Rousseau, Conf. IV. Il réduisait les conventions les plus sacrées des nations entre elles aux leurres d'une perfidie politique, Raynal, Hist. phil. X, 14.
  • 3 Terme de pêche. Appât factice attaché à l'hameçon.

HISTORIQUE

XIIIe s. Retiennent encore la pescherie de la riviere à loerre et à tous engins, tant comme l'abbe [l'abbé] sera en ville, Du Cange, lorra. Et fist [Jupiter] tornoiement es nues D'ostoirs, de faucons et de grues, Et les fist au loirre venir, la Rose, 20351.

XVe s. Je perdrai mon faucon dont je aurai grand ennui ; ni n'ai loirre ni ordonnance de quoi je le puisse reclamer, Froissart, II, II, 164.

XVIe s. Ceux qui, pour le seul regard du profit, se remuent comme un oiseau fait au branlement du leurre, Lanoue, 182. Et quand il n'y auroit que quatre ou cinq cens volontaires, qui de leur mouvement particulier allassent tous les ans es guerres, comme les oiseaux de leurre font à l'essor, cela seroit peu de chose, Lanoue, 187. Nous les en aimons mieulx [les femmes pour leur sagesse] ; il n'est point de pareil leurre que la sagesse non rude et renfrongnée, Montaigne, III, 336.

ÉTYMOLOGIE

Génev. une leurre ; wall. lure ; provenç. loire ; ital. logoro ; angl. lure ; de l'anc. moyen allem. luoder, leurre.