« magasin », définition dans le dictionnaire Littré

magasin

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

magasin

(ma-ga-zin) s. m.
  • 1Lieu où l'on garde des marchandises. Avoir des marchandises en magasin. Vous [mes vers] tiendrez quelque temps ferme sur la boutique ; Vous irez à la fin, honteusement exclus, Trouver au magasin Pyrame et Régulus [mauvaises tragédies], Boileau, Ép. X.

    Par extension. Londres… Le magasin du monde et le temple de Mars, Voltaire, Henr. I,

    Fig. Il en veut faire magasin, on dirait qu'il en veut faire magasin, se dit d'un homme qui achète un grand nombre d'objets de même nature.

  • 2Établissement de commerce où l'on vend certaines marchandises soit en gros, soit en détail. Magasin de livres, d'étoffes, d'épiceries. Les magasins de Paris.

    Courir les magasins, aller dans beaucoup de magasins pour voir les objets et faire des emplettes. J'ai été voir tous les magasins, Sévigné, 158.

    Marchand en magasin, celui qui ne tient pas de boutique et qui vend des marchandises en gros.

    On dit, dans un sens analogue, vendre en magasin.

    Garçon de magasin, celui qui sert les chalands dans un magasin.

    On dit dans le même sens : demoiselle de magasin.

    Fig. Tenir magasin d'une chose, l'avoir en grande quantité. C'est un portrait qu'il a tiré de son écrin ; De ces misères-là nous tenions magasin, Dorat, Feinte par amour, I, 2.

  • 3Dépôt contenant des munitions de guerre et de bouche. Magasin d'armes, de poudre. Magasin à poudre. Magasin de vivres.

    Au plur. dans le même sens. Le général avait établi ses magasins à tel endroit. Les rebelles s'étaient saisis des arsenaux et des magasins, Bossuet, Reine d'Anglet. Il [Louvois] introduisit le premier cette méthode avantageuse que la faiblesse du gouvernement avait jusqu'alors rendue impraticable, de faire subsister les armées par magasins, Voltaire, Louis XIV, 8. Il n'y avait plus de biscuit, point de viande ; on leur délivra de la farine de seigle, des légumes secs et de l'eau-de-vie ; il fallut des efforts inouïs pour empêcher les détachements des différents corps de s'entre-tuer aux portes des magasins, Ségur, Hist. de Nap. 14.

    Les provisions mêmes contenues dans ces dépôts. Le duc de Trévise observa qu'on pouvait y arriver par une marche plus méthodique que suivraient les magasins, mais il ne fut pas écouté, Ségur, Hist. de Nap. IX, 4.

  • 4Dans les places de guerre, magasin des vivres, magasin des fourrages, établissement où l'on distribue aux troupes le pain, les fourrages.
  • 5 Terme de marine. Salle ou chambre qui sert, dans un port ou sur un navire, à renfermer les agrès d'un bâtiment, ou les matières premières dont ces agrès devront être composés.

    Anciennement, nom donné à un navire de charge qui allait à la suite d'une escadre, portant des provisions de toutes sortes. Aussitôt que celle [l'escadre] qui doit sortir au mois d'août prochain sera partie, il faudra que vous travailliez à préparer celle du mois d'avril de l'année prochaine, qui sera composée de douze vaisseaux de guerre, une frégate d'avis, une tartane, trois brûlots et un magasin, Colbert, dans JAL.

  • 6Provisions de ménage accumulées et gardées pour un prochain usage. Le jardin a donné beaucoup de fruits, et nous en avons un magasin pour cet hiver. La fourmi, tous les ans traversant les guérets, Grossit ses magasins des trésors de Cérès, Boileau, Sat. VIII.
  • 7 Fig. Accumulation. Je n'entreprends point de disputer de civilité avec vous qui… avez des magasins de belles paroles, Guez de Balzac, liv. VIII, lett. 38. Il faut tâcher de lui former un magasin de connaissances, Rousseau, Ém. II.
  • 8Le grand panier qui est derrière certaines diligences publiques, et où l'on met les portemanteaux et les paquets. En un certain bourbier j'aperçus certain coche… Et, pour le soulager du poids qui l'arrêtait, J'ôtai du magasin les paquets qu'il portait, Regnard, Fol. am. I, 5.
  • 9Ouvrage périodique composé de morceaux de littérature ou de science. Le Magasin encyclopédique. Le Magasin pittoresque.
  • 10 Terme de manége. On dit qu'un cheval fait grenier ou magasin, lorsque, en mangeant, il laisse les substances s'accumuler entre la face interne des joues et les dents molaires.

HISTORIQUE

XVe s. Là estoient les boutiques des marchandises que ils [les Sarrasins] appellent magasins, bien garnies, Boucic. II, 16.

XVIe s. La principale fin seroit pour avoir tousjours un magazin de vieux soldats, appareillez pour le besoin, Lanoue, 264. Le magasin de la memoire, Montaigne, I, 34. Maestre Jean le Roux, grenetier du magasin et grenier à sel du dit Estampes, Coust. génér. t. I, p. 248.

ÉTYMOLOGIE

Esp. magacen, almagacen, almacen ; port. armacen ; ital. magazzino ; de l'arabe, makhzen, au plur. makhâzin, dépôt de marchandises, du verbe khazan, rassembler, amasser.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

MAGASIN. Ajoutez :
11Vide dans la crosse d'un fusil, où l'on peut disposer plusieurs cartouches qui viennent successivement se placer dans le canon.