« magie », définition dans le dictionnaire Littré

magie

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magie

(ma-jie) s. f.
  • 1Religion des mages ; synonyme de magisme qui est plus usité. À l'âge de quatorze ans, lorsque l'esprit commence à se former, on leur [aux enfants des rois de Perse] donnait pour leur instruction quatre hommes des plus vertueux et des plus sages de l'État : le premier, dit Platon, leur apprenait la magie, c'est-à-dire, dans leur langage, le culte des dieux selon les anciennes maximes et selon les lois de Zoroastre, fils d'Oromaze…, Bossuet, Hist. III, 5.
  • 2Art prétendu de produire des effets contre l'ordre de la nature. Ruinons par magie une amitié si forte, Rotrou, Herc. mour. II, 2. Parlez au diable, employez la magie ; Vous ne détournerez nul être de sa fin, La Fontaine, Fabl. IX, 7. Les Égyptiens étaient infectés et d'idolâtrie et de magie ; le peuple de Dieu même était entraîné par leurs exemples, Pascal, Pensées, t. I, p. 309, éd. LAHURE. Ah ! ma bonne, c'est dommage que nous n'y sommes [ensemble] quelquefois au moins, par quelque espèce de magie, en attendant le printemps qui vient, Sévigné, 8 juill. 1671. L'empereur Théodore Lascaris attribuait sa maladie à la magie ; ceux qui en étaient accusés n'avaient d'autre ressource que de manier un fer chaud sans se brûler, Montesquieu, Esp. XII, 5. Dans le pouvoir de chasser les démons était compris celui de détruire les opérations de la magie ; car la magie fut toujours en vigueur chez toutes les nations, Voltaire, Dict. phil. Église.

    Fig. Assez de gens ont toujours dans la tête un faux merveilleux enveloppé d'une obscurité qu'ils respectent ; ils n'admirent la nature que parce qu'ils la croient une espèce de magie où l'on n'entend rien, Fontenelle, Mondes, 1er soir.

    Magie naturelle, ou magie blanche, celle qui, par des moyens naturels, mais inconnus au vulgaire, produit des effets qui semblent surnaturels. Non, tout ce que je sais n'est que blanche magie, Molière, l'Ét. I, 4.

    Magie noire, celle qui est censée opérer des effets surnaturels à l'aide des démons.

    Fig. Cette noire magie ordinaire aux chrétiens L'arrête indignement dans vos honteux liens, Corneille, Théod. II, 5.

    C'est la magie noire, se dit d'une chose qu'il est malaisé de pénétrer, et où l'on ne comprend rien. Mais où a-t-il tant pris d'argent, ma fille ? c'est la magie noire, Sévigné, 288.

    Ce n'est pas la magie noire, il ne faut point de magie pour cela, se dit d'une chose facile à faire ou à comprendre. Je surprenais l'apothicaire par les progrès que je faisais dans sa profession, qui, dans le fond, n'est pas la magie noire, Lesage, Est. Gonz. 17.

  • 3 Fig. Effets qui sont produits sur les sens ou sur l'âme, et qui sont comparés aux effets de la magie. La magie du chant, de la parole. La magie de l'espérance. Pourvu qu'il [le duc d'Orléans] se garde des embûches et des fausses promesses du Mazarin, qui a une magie particulière à tromper et à étourdir les princes, Patin, Lett. t. II, p. 19. J'ai vu le roi de Prusse attendri à une simple lecture de Bérénice qu'on faisait devant lui… quel charme tira des larmes des yeux de ce héros philosophe ? la seule magie du style de ce vrai poëte, Voltaire, Irène, Lett. J'ai conçu la magie de la lumière et des ombres, Diderot, Salon de 1765, Œuv. t. XIII, p. 4, dans POUGENS. Le lieu, le temps, l'auditoire à ma dévotion, et la magie d'une lecture adroite assurant mon succès, je glissais sur le morceau faible, en appuyant sur les bons endroits, Beaumarchais, Barb. de Sév. Préface. C'est là [l'émotion même de l'auteur], en partie, le secret, la magie du talent de Richardson ; eh bien, ce talent, cette magie était alors toute nouvelle en Angleterre, et presque dans la littérature européenne, Villemain, Litt. fr. 18e siècle, 2e part. 1re leçon.

HISTORIQUE

XVIe s. Meris, le vieux sorcier… M'apprist une magie aux nochers peu connue, Desportes, Élégies, II, 5, Pyromance.

ÉTYMOLOGIE

Lat. magia, du grec μαγεία, de μάγος, mage 1.