« mandement », définition dans le dictionnaire Littré

mandement

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

mandement

(man-de-man) s. m.
  • 1Ordre par lequel on mande, on fait venir. Les vieilles cohortes des Caninefates et des Bataves, dont la garnison était à Mayence, mais qui avaient pris leur marche pour aller à Rome au mandement de Vitellius, Mézerai, Hist. de France avant Clovis, II, 6. Le monde cependant se rit de mes excuses, Croit que, pour m'inspirer sur chaque événement, Apollon doit venir au premier mandement, Boileau, Ép. VI.
  • 2Ordre publié de la part d'une personne qui a autorité et juridiction. Au milieu de la nuit et du temps du sommeil, Je vois de mon trépas le honteux appareil ; J'en ai devant les yeux les funestes ministres ; On me lit du sénat les mandements sinistres, Corneille, l'Illus. com. IV, 7.

    Si donnons en mandement, formules que contenaient les lois, les lettres patentes, etc.

    Aujourd'hui on emploie une injonction analogue : Donnons en mandement à nos cours et tribunaux, préfets, etc.

  • 3 Particulièrement. Écrit qu'un évêque fait publier dans l'étendue de son diocèse, et par lequel il donne aux fidèles des instructions ou des ordres relatifs à la religion. On a été très content du mandement que M. le cardinal a fait pour les prières publiques, Maintenon, Lett. au duc de Noailles, 9 juin 1709. Vous avez su que l'archevêque de Paris a donné un mandement violent contre Jean-Jacques, Voltaire, Lett. d'Argence, 22 avr. 1763. Déjà un Anglais en France, un Berwick, évêque de Soissons, avait osé dire dans son célèbre mandement de 1757 que les Turcs sont nos frères ; ce que ni Bossuet, ni Massillon n'avaient jamais eu le courage de dire, Voltaire, Philos. Sermon de Josias Rossette. On n'avait jamais vu auparavant des chansons dans un mandement d'évêgue ; celui d'Arles fit voir cette nouveauté ; il y avait dans ce mandement une chanson contre le parlement de Paris, Voltaire, Hist. parl. ch. 64. Il [Lamotte] a fait jusqu'à des mandements d'évêques, à qui, comme de raison, il a bien gardé le secret, et qui ont encore eu plus de soin de le lui garder, D'Alembert, Éloges, Lamotte.
  • 4La lettre, le billet qu'on donne à quelqu'un portant ordre à un receveur ou fermier de payer quelque somme (acception vieillie).

HISTORIQUE

XIIe s. Quant il aura oï cel nostre mandement, Saxons, XX. E qu'à pape Alissandre de rien n'obeïreient, Ne pur ses mandemens nule rien ne fereient, Th. le mart. 66.

XIIIe s. Noz avons dit que mandement oblige celi qui le mandement fet, envers celi à qui il fet le mandement, Beaumanoir, XXIX, 7.

XVe s. Et là y devoient estre tous les seigneurs dessus nommés avec leur mandement de chevaliers et d'escuyers, et le pouvoir des bonnes villes, Froissart, I, I, 225. Venant devers luy à son mandement, Commines, VII, 11. Moy qui suis nature appellée, J'ay donc la terre environnée Defors, dedans et au milieu ; En toute chose ay pris mon lieu Par mandement de Dieu le pere, La Fontaine, 379.

XVIe s. Il ne faudroit qu'une couple de chevres abandonnées pour gaster tous les jardins et vignobles d'un mandement [canton], De Serres, 328.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. mandamen ; catal. manament ; espagn. mandamiento ; ital. mandamento ; du lat. mandare, mander.