« naguère », définition dans le dictionnaire Littré

naguère

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naguère ou naguères

(na-ghè-r') adv.
  • Il y a peu de temps. Est-ce lui qui naguère aux dépens de sa vie Sauva des ennemis votre empereur Décie ? Corneille, Poly. I, 3. L'ombre avec la lumière y peut tracer souvent [dans une lunette astronomique] Un homme, un bœuf, un éléphant : Naguère l'Angleterre y vit chose pareille, La Fontaine, Fabl. VII, 18. Le grand désir de vous voir un enfant Vous transportait naguère d'allégresse, La Fontaine, Mandrag. Un roi qui naguère, avec quelque apparence, De l'aurore au couchant portait son espérance…, Racine, Mithr. III, 1. Ceux qui naguère étaient de petits tyrans dans leurs provinces ou dans les places frontières, n'en étaient plus que les gouverneurs, Hamilton, Gramm. 5.

REMARQUE

Naguère, d'après Marguerite Buffet, Observ. p. 52, en 1668, était un mot suranné ; il fallait dire depuis peu. Purisme sans raison ; car les meilleurs auteurs employaient le mot qui est resté en usage, surtout en poésie et dans le style relevé.

HISTORIQUE

XIIIe s. N'a encor gueres qu'il cuida Tel engingnier qui l'engingna, Ren. 2165.

XVe s. Gens qui nagueres avoient esté leurs ennemys, Commines, V, 9. Comme n'a guieres seïsse en mon estude… me prindrent diverses ymaginacions moult parfondes, Chastelain, Exposit sur vérité mal prise. Il devint amoureux d'une jeune demoiselle, qui nagueres estoit mariée, Louis XI, Nouv. XLVIII.

XVIe s. Elle avoit de nagueres fait divorce avec son mary, Amyot, Sylla, 72.

ÉTYMOLOGIE

Adverbe composé de trois mots : ne, a, guère, c'est-à-dire il n'y a guère [de temps].

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

NAGUÈRE. Ajoutez :
2Naguère que, autrefois que, avec l'idée qu'il n'y a pas longtemps. Naguère que j'oyais la tempête souffler… Eussé-je osé prétendre à l'heureuse merveille D'en être garanti ? Malherbe, Lexique, éd. L. Lalanne.