« obstacle », définition dans le dictionnaire Littré

obstacle

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

obstacle

(ob-sta-kl') s. m.
  • 1Ce qui arrête, s'oppose. Tout fait à tes projets d'invincibles obstacles, Corneille, Oth. I, 1. Je sais que vous pouvez forcer d'autres obstacles, Corneille, Pompée, IV, 3. La valeur de leur chef ne trouvait point d'obstacles, Corneille, Cid, IV, 1. Mais comme à ce dessein la reine mit obstacle, Corneille, Œdipe, II, 3. Quand Crésus vit Ésope, il s'étonna qu'une si chétive créature lui eût été un si grand obstacle, La Fontaine, Vie d'Ésope. Plus l'obstacle était grand, plus fort fut le désir, La Fontaine, Fabl. VIII, 16. Loin d'être les premiers à prendre ma vengeance, Eux-mêmes font obstacle à mon ressentiment, Molière, Amph. III, 5. Je vous estime autant qu'on saurait estimer ; Mais je trouve un obstacle à vous pouvoir aimer, Molière, Femm. sav. V, 1. Les puissances qui mettaient de trop grands obstacles à leurs conquêtes [des Romains], Bossuet, Hist. III, 6. Si Dieu a béni le travail par lequel je tâche de vous enfanter en Jésus-Christ et que, trop indigne ministre de ses conseils, je n'y aie pas été moi-même un obstacle, Bossuet, Anne de Gonz. L'homme ne peut-il pas, selon sa coutume, s'en imposer à lui-même ? mais quel supplice ne méritent pas les obstacles qu'il aura mis, par ses préventions, à des lumières plus pures ? Bossuet, ib. Comme un de ces hommes extraordinaires qui forcent tous les obstacles, Bossuet, Louis de Bourbon. Les soldats de M. de Turenne ne trouvent point d'obstacles qu'ils ne surmontent, Fléchier, Turenne. Quel obstacle secret trouble notre bonheur ? Racine, Bajaz. II, 1. Ce barbare spectacle à leur noire fureur n'apporte point d'obstacle, Racine, Théb. v, 3. Un obstacle en amour est un attrait de plus, Favart, Ninette, II, 5. La résolution dont je vous ai fait part ci-devant, et à laquelle vous vous devez, selon moi, de ne plus porter obstacle, Rousseau, Lett. à Mme Latour, 24 juin 1772. Tant le voile et l'obstacle ont un charme suprême, Par qui tout s'embellit, jusqu'à la beauté même, Delille, Imag. IV. Dans une fuite déréglée où tout ce qui pourrait servir nuit, cette colline et son défilé devinrent un obstacle insurmontable, un mur de glace contre lequel tous nos efforts se brisèrent, Ségur, Hist. de Nap. XII, 3.
  • 2 Terme de physique. Tout ce qui résiste à une force.
  • 3Se dit, au trictrac, des passages interceptés par l'adversaire.

REMARQUE

J. J. Rousseau a dit : Votre entreprise est trop belle pour ne pas éprouver des obstacles, Lett. au prince de Wurtemberg, 12 déc. 1763. Mais cela n'est point élégant et est à peine correct.

SYNONYME

OBSTACLE, EMPÊCHEMENT. Étymologiquement, l'obstacle est ce qui, étant devant nous, s'oppose à nous ; l'empêchement est ce qui embarrasse les pieds comme fait un piége. Là est la notion de la différence.

HISTORIQUE

XVIe s. Pour entrer dedans sont deux portes aux deux costez, et entre deux, venant de l'une à l'autre, est un obstacle de marbre blanc, ouvré à la turque, et percé à jour pour veoir par là le dedans de la chappelle ; au dessus et joignant de cestuy obstacle sont dix imaiges angeliques tenans entre les mains chascune un chandelier, et le tout d'albastre, Jean D'Auton, Annales de Louis XII, p. 118, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Lat. obstaculum, de ob, en face, et stare, être debout : ce qui est debout en face, opposé.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

OBSTACLE. - HIST. Ajoutez : XIIIe s. Cil qui plain sont tout de tosique [poison], Adonc ci dient qu'autentique Ne vrai ne sunt pas si miracle [de la sainte Vierge] ; Pour mettre encontre aucun obstacle, Dient que tout sunt apocrife, Gautier de Coinsy, les Mirac. de la sainte Vierge, p. 176, éd. abbé Poquet.

XIVe s. Ici après voil sens obstacle Conte fere dou tabernacle, Macé, Bible en vers, f° 22, verso, 1re col.