« obséder », définition dans le dictionnaire Littré

obséder

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obséder

(ob-sé-dé. La syllabe sé prend un accent grave quand la syllabe qui suit est muette : j'obsède, excepté au futur et au conditionnel : j'obséderai ; j'obséderais) v. a.
  • 1Être assidu auprès de quelqu'un, de manière à l'isoler des autres personnes. Puisque Flaminius obsède encor le roi, Corneille, Nicom. I, 1. Vous avez trop d'amants qu'on voit vous obséder, Et mon cœur de cela ne peut s'accommoder, Molière, Mis. II, 1. Quoi qu'on en puisse dire, les galants n'obsèdent jamais que quand on le veut bien, Molière, G. Dandin, II, 4. Mme de Coulanges est toujours obsédée de notre cousin [M. de la Trousse] ; il ne paraît plus qu'elle l'aime, et cependant c'est l'ombre et le corps ; la marquise de la Trousse est toujours enragée, Sévigné, 418. Elle [la Tingry] l'obsédait [le maréchal de Luxembourg] si entièrement qu'il ne connaissait qu'elle, et elle éloignait tout le monde de lui, Sévigné, 31 janv. 1680. Plus les Français voyaient le roi d'Angleterre, moins on le plaignait de la perte de son royaume : ce prince n'était obsédé que des jésuites, La Fayette, Mém. cour de France, Œuv. compl. t. II, p. 410, dans POUGENS. Je suis obsédée ou de femmes que je méprise, ou d'hommes qui ne m'aiment point, Maintenon, Lett. à Mme de Glapion, 31 juillet 1712. Un vilain mari qui s'avisait de négliger son procès pour obséder sa femme, Hamilton, Gramm. 9. Le gouverneur ne savait que croire des dieux ; il était obsédé d'épicuriens qui lui avaient jeté beaucoup de doutes dans l'esprit, Fontenelle, Oracles, I, 14.
  • 2Importuner par des assiduités. Il est obsédé par la foule des solliciteurs. Ces gens, dis-je, qui, pour services, ne peuvent compter que des importunités, et qui veulent qu'on les récompense d'avoir obsédé le prince dix ans durant, Molière, Imprompt. 3.
  • 3Tourmenter par des illusions, en parlant du malin esprit. Il n'est pas possédé, il n'est qu'obsédé. Le diable, qui nous obsède toujours, ou plutôt nous possède dans de pareilles conjonctures, me représenta que je serais un grand sot de demeurer en si beau chemin, Lesage, Gil Blas, II, 7. C'est elle [l'imagination] qui persuada à tant d'hommes qu'ils étaient obsédés ou ensorcelés, et qu'ils allaient effectivement au sabbat, parce qu'on leur disait qu'ils y allaient, Voltaire, Dict. phil. Imagination.
  • 4En parlant de certaines idées, tourmenter assidûment. Nous replongeant dans les images des sens qui nous environnent, et, pour ainsi dire, nous obsèdent…, Bossuet, 6e avert. 44. De tant d'objets divers mon âme est obsédée, Qu'à force de penser elle n'a plus d'idée, Destouches, Phil. marié, IV, 1. Souvent de ses erreurs notre âme est obsédée, Voltaire, Sémiram. I, 5. C'était un préjugé le plus déraisonnable et peut-être le plus universel qui ait jamais obsédé les gens de lettres, le Merc. 1717, dans DESFONTAINES. Réflexions tristes et sombres dont, avant moi, des malheureux avaient été sans doute obsédés dans cette prison [la Bastille], Marmontel, Mém. VI.

ÉTYMOLOGIE

Lat. obsidere, de ob, et sedere, être assis (voy. SEOIR). Obsidere, s'asseoir autour, a le sens d'assiéger ; ce qui explique le sens figuré du français.