« occulte », définition dans le dictionnaire Littré

occulte

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occulte

(o-kul-t') adj.
  • 1Qui est caché sous une sorte de mystère. Sire, ajoutez du ciel l'occulte providence ; Sur deux amants il verse une même influence, Corneille, Clit. III, 1. Selon les occultes dispositions de la Providence, Bossuet, Panég. St Thomas, 2. Quelle physique corpusculaire, quels atomes déterminent ainsi leur nature [des différents corps] ? vous n'en savez rien ; la cause sera éternellement occulte pour vous, Voltaire, Dict. phil. Occulte.

    Sciences occultes, la nécromancie, la cabale, la magie, l'alchimie, l'astrologie, etc. ainsi nommées parce que les adeptes en font mystère. Cet homme prétend être fort profond dans les sciences occultes, Destouches, le Tambour nocturne, II, 11. Voici les livres de science, ou plutôt d'ignorance occulte ; tels sont ceux qui contiennent quelque espèce de diablerie : exécrables, selon la plupart des gens ; pitoyables selon moi, Montesquieu, Lett. pers. 135. Nous allons exposer quelques-uns des principes de cette philosophie qu'Agrippa et d'autres ont professée sous le nom d'occulte, Diderot, Opin. des anc. philos. (Pythagorisme). C'est en encourageant la philosophie qu'on réussira à éteindre dans un État toute confiance dans les arts occultes, Diderot, ib. (Pythagorisme)

  • 2 Terme de philosophie. Qualités occultes, certaines propriétés que l'école considérait comme la cause cachée d'effets apparents et l'explication suffisante de ces effets. Descartes venait de substituer aux qualités occultes des péripatéticiens les idées intelligibles de mouvement, d'impulsion et de force centrifuge, Laplace, Expos. V, 5.

    En un sens qui n'est plus scolastique, les causes premières considérées comme inaccessibles à l'esprit humain. Oui, monsieur, je l'ai dit, je le redis et je le redirai, malgré la certitude d'ennuyer, que la doctrine des qualités occultes est ce que l'antiquité a produit de plus sage et de plus vrai ; la formation des éléments, l'émission de la lumière, animaux, végétaux, notre naissance, notre vie, notre mort, la veille, le sommeil, les sensations, la pensée, tout est qualité occulte, Voltaire, Lett. à M. L. C. 23 déc. 1768. On s'est moqué fort longtemps des qualités occultes ; on doit se moquer de ceux qui n'y croient pas ; répétons cent fois que tout principe, tout premier ressort de quelque œuvre que ce puisse être du grand démiourgos est occulte et caché pour jamais aux mortels, Voltaire, Dict. phil. Occulte.

  • 3 Terme d'ancienne géométrie. Ligne occulte, se disait des lignes auxiliaires que l'on trace sur un plan pour faire une construction quelconque, et que l'on efface ensuite.

HISTORIQUE

XIIe s. Les occultes choses de la tue sapience, Lib. psalm. p. 67.

XIVe s. Aussi a il aultre chose plus occulte, que ainsi chascune herbe a sa propre vertu, Lanfranc, f° 110, verso.

XVIe s. Faut-il donc nier ce qui est manifeste, quand ce qui est occulte ne se peut comprendre ? Calvin, Instit. 769. Les medicaments hypercathartiques, c'est à dire qui font operation effrenée par proprieté occulte…, Paré, XXIV, 26. Les choses mortes ont encore des relations occultes à la vie, Montaigne, I, 20.

ÉTYMOLOGIE

Lat. occultus, participe passé de occulere, cacher, que les étymologistes latins tirent de ob, et colere ; mais le sens ne s'en déduit pas facilement ; il est plus probable qu'il s'agit d'une racine cal : clam, pour calam, ϰαλ-ύπτων ; racine où l'a s'est changé en u, comme dans occupare, de capere.