« pêle-mêle », définition dans le dictionnaire Littré

pêle-mêle

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pêle-mêle

(pê-le-mê-l') loc. adv.
  • 1En confusion. Tout ce dont la fortune afflige cette vie, Pêle-mêle assemblé me presse vivement, Malherbe, IV, 7. Vous ai-je dit comme elle a joué l'affligée, et comme elle volait la cassette pendant que sa mère expirait ? vous ririez de voir comme tous les vices et toutes les vertus sont jetées pêle-mêle dans le fond de ces provinces, Sévigné, 435. Elle emporta tout cela sur son cœur avec la rage pêle-mêle, Sévigné, 3 avr. 1671. Je ne suis point entêtée, ma bonne, de M. de Lavardin… mais je suis assez juste pour rendre au vrai mérite ce qui lui appartient, quoique je le trouve pêle-mêle avec ses désagréments, Sévigné, 16 oct. 1675. J'ai traversé les vastes campagnes de la Westphalie… dans de grandes huttes qu'on appelle maisons on voit des animaux qu'on appelle hommes, qui vivent le plus cordialement du monde pêle-mêle avec d'autres animaux domestiques, Voltaire, Voy. à Berlin. Il [l'aveugle de Cheselden] apercevait tous les objets pêle-mêle et dans la plus grande confusion, et il ne les distinguait point, quelque différentes qu'en fussent la forme et la grandeur, Condillac, Traité sens, III, 5.

    Vivre pêle-mêle, vivre dans la promiscuité. Je lis un livre saisi ; ce sont les mémoires de Madame, duchesse d'Orléans, mère du duc d'Orléans régent ; il n'y est question que d'empoisonnement, de débauche de toute espèce, de prostitution : ils vivaient vraiment pêle-mêle, Courier, Lett. II, 188.

  • 2 S. m. Le pêle-mêle, la confusion. Vit-on jamais pareil pêle-mêle ?

    En termes d'étiquette de cour. Pour éviter les disputes de préséance, le prince ordonna le pêle-mêle.

HISTORIQUE

XIIe s. Se ne fussent d'amunt colées Les grans portes de fer barrées, Mesle pesle od eus [avec eux] i entrassent, Benoit de Sainte-Maure, II, 4431. Et les nues tot mesle mesle Gitoient pluie, noif [neige] et gresle, Chrestien de Troyes, Chev. au lyon, v. 441.

XIIIe s. Se je veïsse ilec plovoir Quarriaus et pierres pelle-melle, la Rose, 1397.

XIVe s. Quar li Vandre se mirent avec eulx brelle mesle ; Si très fort les enchacent que de si grant puissance Tuit entrent ou chastel sans nulle difference, Girart de Ross. V. 479.

XVIe s. Il forcene de rage, et sent dedans sa teste Pesle-mesle tourner l'orage et la tempeste, Desportes, Roland furieux. L'arcbuzerie ennemie l'empeschoit de recharger, estant tousjours pesle-mesle de luy, Du Bellay, M. 571.

ÉTYMOLOGIE

Bourg. paule-maule ; wallon, pelle et mell (et signifie en). Les textes offrent la variante mesle mesle, qui n'offre aucune difficulté ; mesle pesle, qui n'est qu'une inversion de la forme ordinaire ; et brelle-mesle, qui est tout à fait sans explication. Diez indique, sans s'y fier, pelle, comme qui dirait mêler avec une pelle. C'est la vraie étymologie ; comparez pelleverser. Le palle-maille, jeu du mail (jouer au palle-maille, Particularités concernantes l'assassinat du duc de Guyse, Chalons, 1589, p. 27), ne convient ni de sens ni de forme.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

PÊLE-MÊLE. - HIST.

XIIIe s. Ajoutez : Par force et par prouece fu li chastiaus conquis, Melle pelle i entrasmes avec les Sarrasins, Floovant, V. 625.