« piquet », définition dans le dictionnaire Littré

piquet

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

piquet [1]

(pi-kè ; le t ne se lie pas ; au pluriel, l's se lie : des pi-kè-s enfoncés ; piquets rime avec traits, succès, paix, etc.) s. m.
  • 1Bâton pointu que l'on enfonce en terre. Des piquets enfoncés en terre.

    Être droit comme un piquet, se tenir droit et raide. Droits comme des piquets campés dans ton passage, Legrand, Roi de Cocagne, III, 7.

    Être planté comme un piquet, se tenir debout et immobile. Va t'en l'attendre dans la rue, et ne sois point dans ma maison planté tout droit comme un piquet, Molière, l'Avare, I, 3. Que diantre fais-tu là planté comme un piquet ? Regnard, Ménechmes, II, 3.

  • 2 Particulièrement. Petit pieu qu'on fiche en terre pour arrêter les cordages des tentes dans un camp.

    Planter le piquet, camper.

    Lever le piquet, décamper.

    Fig. et familièrement. Planter le piquet, s'établir en quelque endroit. Il avait étudié en médecine, s'était fait passer docteur à Montpellier, et avait ici planté son piquet, Patin, Lettres, t. II, p. 393. Le baron avait fait une assemblée… pour délivrer ses bois d'une grande quantité de loups qui y avaient planté le piquet, Scarron, Rom. com. II, 3. J'ai bien l'air d'avoir planté le piquet pour jamais sur les bords du lac de Genève, Voltaire, Lett. Mme de Fontaine, 2 juill. 1755.

    Fig. Aller planter le piquet chez quelqu'un, aller s'établir chez quelqu'un pour quelque temps. Allons-nous-en planter le piquet chez l'oncle, Dancourt, le Vert galant, sc. 1.

  • 3Sorte de pieu grand et fort dont on se sert dans un camp ou ailleurs pour tenir les chevaux à l'attache. Mettre les chevaux au piquet.

    Se dit, par catachrèse, d'un certain nombre de cavaliers commandés pour monter à cheval au premier signal. Je m'aperçus, étant de piquet, d'une diminution dans les feux ordinaires des ennemis, Saint-Simon, 40, 218. Un piquet de dragons, le sabre nu, sort de la cour intérieure de la prison, Chateaubriand, Natch. 2e part. 1re moitié.

    Par extension. Tout détachement chargé de monter la garde dans un poste avancé et se tenant prêt à marcher au premier ordre. Un piquet d'infanterie.

    En général, petit détachement. Le lord Drummond, officier au service de France, arrive heureusement [auprès du prétendant], en Écosse avec quelques piquets et trois compagnies du régiment royal-écossais, Voltaire, Louis XV, 25.

  • 4Perches plantées d'espace en espace pour prendre un alignement. La route du soleil… ne lui échappa point [à Duval, qui, enfant, contemplait de lui-même les phénomènes célestes] ; il marqua les solstices avec deux piquets, sans savoir ce que c'était que les solstices, Voltaire, Dict. phil. Astronomie.
  • 5Sorte de punition militaire qui consistait à passer deux heures debout, un pied sur un piquet.

    Punition employée dans les colléges, qui consiste à se tenir debout à une place marquée pendant une heure de récréation. Faire une heure, deux heures de piquet. Il y a aussi le piquet marcheur ou ambulant, les élèves punis marchant en file dans la cour.

HISTORIQUE

XVe s. S'il ne levoit le piquet devant Auray, il devoit s'attendre à une bataille, Mém. s. du G. ch. 10.

XVIe s. Honoré de lui [Henri IV] entre trois ou quatre pour l'accompagner au placement des armées, aux reconnoissances ou aux piquets des trenchées, D'Aubigné, Hist. préf. 8. Ils en vinrent à mettre leur piquet [ajourner, assigner leur entreprise] sur le retour du comte de Montgommeri, D'Aubigné, ib. II, 51. …Que la perte de 1000 hommes ne sauroit le lendemain le loger où il estoit, et que partant il ne remueroit point le picquet qu'un mareschal de camp ne le vint querir, D'Aubigné, ib. II, 46.

ÉTYMOLOGIE

Diminution de pique 1 ; bourguign. piqô.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. PIQUET. Ajoutez :
6 Nom, dans le Pas-de-Calais, d'un instrument, dit aussi sape, qui sert à couper le blé, les Primes d'honneur, Paris, 1869, p. 84.