« pointu », définition dans le dictionnaire Littré

pointu

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

pointu, ue

(poin-tu, tue) adj.
  • 1Qui a une pointe aiguë ; qui se termine en pointe. Un bâton pointu par le bout.

    Chapeau pointu, chapeau haut de forme, qui va en diminuant.

    Menton pointu, nez pointu, menton, nez qui est en pointe. La dame au nez pointu [la belette] répondit que la terre Était au premier occupant, La Fontaine, Fabl. VII, 16.

  • 2 Fig. Qui pique comme fait une pointe. Je ne sais si vous soutiendrez la froideur de cet air glacé et pointu [la bise], qui perce les plus robustes, Sévigné, 26 mars 1680.
  • 3 Fig. Qui aime à subtiliser, à chercher des difficultés. Pour discourir de la vertu, Il avait l'esprit fort pointu, Scarron, Virg. VI. C'était un homme [l'abbé de la Châtre] qui ne manquait pas d'esprit, mais pointu, désagréable, pointilleux, Saint-Simon, 54, 156. Sévigné, du naturel charmant et abondant de sa mère, et du précieux guindé et pointu de sa sœur, avait fait un mélange un peu gauche, Saint-Simon, 344, 7.

    Jérôme Pointu, titre d'une farce de la foire. On quitte Tartuffe et le Misanthrope pour courir à Jérôme Pointu ; le bon goût est perdu, Diderot, Est-il bon, est-il méchant ? III, 12.

    Très familièrement. Un pointu, un homme à l'esprit pointu. N'écoutez pas ces pointus.

    Style pointu, celui dans lequel on a toujours l'air de chercher une pointe, soit par des antithèses, soit par des pensées dissimulées, ou par l'affectation de la profondeur, ou par des généralités trop abstraites. Ces vains amas d'antithèses pointues, D'expressions flasques et rebattues, Dont nous voyons tant d'auteurs admirés Farcir leurs vers, du badaud révérés, Rousseau J.-B. Ép. I, 1. Je connais des gens qui, à sa place [de l'empereur d'Allemagne]… s'arrondiraient, attendu qu'en philosophie la figure ronde est la plus parfaite ; mais je crains de dire des sottises trop pointues…, Voltaire, Lett. au roi de Pr. 12 avr. 1771.

  • 4Se dit d'une voix qui ne donne que des sons grêles, et n'a de développement que dans la partie aiguë.
  • 5Nom spécifique d'un chétodon.

HISTORIQUE

XVIe s. Il feit remplir les dittes fosses et trenchées de paux [pieux] poinctus aguisez par les bouts, Amyot, Pomp. 88. Cette poinctue vivacité de l'ame, Montaigne, III, 88. Les devis poinctus et coupez que l'alaigresse et la privauté introduict entre les amis, gaussants et gaudissants plaisamment les uns les aultres, Montaigne, IV, 58.

ÉTYMOLOGIE

Pointe ; prov. punchut.