« pressentiment », définition dans le dictionnaire Littré

pressentiment

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

pressentiment

(prè-san-ti-man) s. m.
  • Sentiment vague qui fait prévoir, craindre ou espérer. D'un noir pressentiment, malgré moi, prévenue, Je vous laisse à regret éloigner de ma vue, Racine, Brit. V, 1. Un pressentiment de son malheur lui donnait un cuisant repentir de son vœu indiscret, Fénelon, Tél. V. La tristesse que nous leur reprochâmes le jour du concert était peut-être un pressentiment qu'ils se voyaient pour la dernière fois, Rousseau, Hél. I, 64. J'étais préparé aux coups de la fortune ; de longs pressentiments me les avaient annoncés, Rousseau, ib. II, 7. J'ai quelque pressentiment qu'un jour cette petite île [la Corse] étonnera l'Europe, Rousseau, Contr. soc. II, 8. Il est quelquefois difficile de discerner le pressentiment de l'instinct de la raison, du tact des vraisemblances, Diderot, Claude et Nér. I, 92. Les chiens [aux approches d'un tremblement de terre] répondent par des hurlements extraordinaires à ce pressentiment d'un désordre général, Raynal, Hist. phil. VII, 26. Je ne sais, mais j'ai de bons pressentiments, Genlis, Théât. d'éduc. la Cloison, 15.

    Pressentiment de goutte, de fièvre, espèce d'émotion qui fait appréhender la goutte, la fièvre.

HISTORIQUE

XVIe s. Les animaux maritimes, tous en general, ont un pressentiment qui les rend souspeçonneux de toutes choses, et les fait tenir sur leurs gardes contre les aguets qu'on leur dresse, Amyot, Quels anim. les plus advisez, 66.

ÉTYMOLOGIE

Pressentir.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

PRESSENTIMENT. Ajoutez :
2Sentiment antérieur, inné. Les animaux doivent à l'instinct le pressentiment ou la prévision de leurs fonctions intellectuelles, c'est-à-dire de leurs convenances naturelles ; c'est par pressentiment que l'araignée, sortant de son œuf et sans avoir vu aucun modèle de filet, tisse sa toile transparente, en croise les fils, les contracte pour en éprouver la force et les double où il est nécessaire, pressentant que les mouches qu'elle n'a pas encore vues viendront s'y prendre et qu'elles s'y débattront, Bernardin de Saint-Pierre, Œuvr. posth. Paris, 1836, p. 264. L'édition porte présentiment ; mais cela n'est pas nécessaire ; car, dans le sens que Bernardin de Saint-Pierre attribue à ce mot, il a été précédé par Amyot ; voy. l'hist. de PRESSENTIMENT au Dictionnaire.