« pressé », définition dans le dictionnaire Littré

pressé

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

pressé, ée

(prè-sé, sée) part. passé de presser
  • 1Serré avec plus ou moins de force. Une éponge pressée entre les doigts.

    Fig. Philippe Auguste était pressé entre l'empereur et le roi d'Angleterre, Voltaire, Ann. Emp. Othon IV, 1213. Les hommes, qui ont si peu de temps à vivre et qui se voient pressés entre deux éternités, Voltaire, Dict. phil. âme.

    Fig. Serré par la douleur. J'aurais cent choses à vous dire ; mais le moyen, quand on a le cœur pressé ? Sévigné, 25 août 1679. J'ai le cœur bien pressé de M. le cardinal [de Retz, qui se retirait de Paris], Sévigné, 14 juin 1675.

  • 2Se dit de personnes ou de choses approchées l'une contre l'autre. N'ayant pu soutenir nos bataillons pressés, Mairet, Sophon. II, 4. M. de Chaulnes a ôté le parlement de Rennes pour punir la ville ; ces messieurs sont allés à Vannes, qui est une petite ville où ils seront fort pressés, Sévigné, Lett. à Bussy, 20 oct. 1675. Avec ces rois et ces princes anéantis, parmi lesquels à peine peut-on la placer, tant les rangs y sont pressés, Bossuet, Duc. d'Orl. Un long cordon d'alouettes pressées, Boileau, Sat. III. Le bataillon volant S'élance, aussi pressé que ces gouttes nombreuses Qu'épanche un ciel brûlant sur les plaines poudreuses, Delille, Géorg. IV. Votre écriture n'est pas assez pressée, serrez-la davantage, Dict. de l'Acad. au mot SERRER.

    Fig. L'un des deux [Étéocle ou Polynice] tôt ou tard se verrait renversé ; Et d'un autre soi-même on y serait pressé [sur le trône], Racine, Frères ennem. IV, 3.

    Qui se suit de près. [Ils] Percent à coups pressés les flancs de ce grand homme, Corneille, Pomp. II, 11.

  • 3Poursuivi, attaqué sans relâche. L'infortuné monarque [de Naples], trahi par son parent, pressé par les armes françaises [Louis XII], dénué de toute ressource, Voltaire, Mœurs, 110. [Frédéric II] pressé de tous côtés par les Russes, par les Autrichiens et par la France, lui-même se crut perdu, Voltaire, Mém. sur Volt.

    Par extension. En mille conjonctures nous nous sentons intérieurement touchés, sollicités, pressés de Dieu, Bourdaloue, Exhort. sur la prière de J. C. t. I, p. 414. Haï de tous les Grecs, pressé de tous côtés, Me faudra-t-il combattre encor vos cruautés ? Racine, Andr. I, 4.

    Fig. [Les calvinistes] pressés par les arguments des catholiques et des luthériens [sur la présence réelle], Bossuet, Euchar. II, 4. Sitôt qu'il se sentait pressé d'une objection imprévue, il la remettait au lendemain, Rousseau, Conf. II.

  • 4Qui éprouve quelque grand besoin. J'étais pressé de la soif, et vous ne m'avez pas donné à boire, Bourdaloue, Exhort. Char. env. les pers. t. I, p. 88. C'est une destinée singulière que les Hébreux n'aient jamais été en Égypte que pressés par la faim ; car Jacob y envoya depuis ses enfants pour la même cause, Voltaire, Dict. phil. Abraham.

    Qui éprouve quelque grand besoin moral. Pressée du désir de revoir le roi et de le secourir, Bossuet, Reine d'Anglet. Votre bon cœur est pressé de reconnaissance et d'amitié pour moi, Maintenon, Lett. à Mme Glapion, 15 déc. 1718. Pressé de son devoir, Arbate loin du bord l'est allé recevoir [le roi], Racine, Mithr. I, 4. Adraste, qui vit que la réputation des alliés augmentait tous les jours, crut qu'il était pressé de faire contre eux quelque action éclatante, Fénelon, Tél. X.

  • 5Empressé, désireux. impatient de. Je suis pressé d'en finir. J'écrivis en Argos, …Que ce guerrier, pressé de partir avec nous, Voulait revoir ma fille, et partir son époux, Racine, Iphig. I, 1.

    Être pressé d'argent, en manquer, en avoir besoin.

  • 6Diligenté, hâté. Les chevaux pressés par l'éperon. Pressé par le temps. Chacun le suit d'un pas ou plus ou moins pressé, Selon qu'il se rencontre ou plus ou moins blessé, Corneille, Hor. IV, 2. Cours, Narsès ; courez tous du pas le plus pressé, Rotrou, Bélis. V, 7. Je me souviens de ce pays-là [Paris] ; tout y est pressé, Sévigné, 13 juin 1685. Notre petit homme [le jeune Grignan] a été admiré de tout le monde …sa vie est pressée d'une manière que, si vous aviez donné à l'enfance ce qu'on y donnait autrefois, vous n'y auriez pas trouvé votre compte, Sévigné, 7 mars 1685.
  • 7Qui a hâte. Vous êtes bien pressé. Je ne suis point pressé que l'on vous canonise, Voltaire, Lett. en vers et en prose, 174.

    Cette lettre est pressée, il faut qu'elle soit rendue promptement.

    Cette affaire est pressée, il est urgent de s'en occuper. Il m'est dans la pensée Venu tout maintenant une affaire pressée, Molière, Éc. des femm. III, 4.

  • 8Dont le style est serré. Soyez vif et pressé dans vos narrations, Boileau, Art p. III. [Tacite] plus pressé, plus concis, plus vigoureux que Tite Live du côté de l'expression, Marmontel, Œuv. t. VIII, p. 108. Ce qui en est difficile à imiter, c'est la plénitude, la vivacité, l'énergie, le tour pressé, vigoureux et rapide, la métaphore imprévue et juste, Marmontel, ib. t. IX, p. 190.
  • 9 Substantivement. Le plus pressé, ce qu'il y a le plus de hâte de faire. Je n'ai pas suivi le vœu, parce que j'ai été au plus pressé, Bossuet, Lett. quiét. 346. Ceux qui n'aiment qu'eux travaillent au jour le jour, vont au plus pressé, à ce qui ost le plus apparent, Voyer Marquis D'Argenson, Mém. p. 341, dans POUGENS.