« presque », définition dans le dictionnaire Littré

presque

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

presque

(prè-sk' ; d'après Chifflet, Gramm. p. 236, on prononçait indifféremment prê-ke et prè-ske) adv.
  • 1À peu près. Qu'on arrête, dit-il ; le premier coup m'est dû ; C'est lui qui me rendra l'honneur presque perdu, Corneille, Héracl. V, 7. Poursuivie de si près qu'elle entendait presque leurs cris et leurs menaces insolentes [des rebelles], Bossuet, Reine d'Anglet. Elle vit périr ses vaisseaux, et presque toute l'espérance d'un si grand secours, Bossuet, ib. Il osa les louer et les servir [ses amis disgraciés] dans un temps où les autres n'osaient presque pas les plaindre, Fléchier, Duc de Mont. N'offenserez-vous point un roi qui vous adore, Qui presque… votre époux…, Racine, Mithr. II, 1. Personne presque, …n'est en état de se livrer au plaisir que donne la perfection d'un ouvrage, La Bruyère, I. M. de Beauvillier ne voyait presque du tout personne, malade dans son lit, et pénétré de douleur, Saint-Simon, 327, 23. Il vit qu'encore enfant je savais de ma foi à deux beaux yeux faire un si prompt hommage, Que mon premier amour et moi Nous étions presque du même âge, Fontenelle, Poés. div. Œuv. t. IV, p. 371, dans POUGENS. Presque personne ne lit les dernières pièces de Corneille, Voltaire, Comm. Corn. Rem. Sophonisbe, I, 2. Presque point de livres chez nos nations barbares jusqu'à Charlemagne, Voltaire, Dict. phil. Livres. Avouer qu'on n'aime pas son mari, c'est presque avouer qu'on en aime un autre, Marmontel, Contes mor. Heureus. Aussi du grand Leibnitz l'aimable fantaisie Osait aux animaux promettre une autre vie, Un destin plus heureux et presque un paradis, Delille, Trois règn. VII.

    Substantivement. L'orateur doit avoir la diction presque des poëtes : ce presque dit tout, Fénelon, t. XXI, p. 50.

  • 2 Par néologisme, il se construit avec un substantif. Roulez dans vos sentiers de flamme, Astres, rois de l'immensité ! Insultez, écrasez mon âme Par votre presque éternité, Lamartine, Harm. IV, 9.

PROVERBE

Presque et quasi empêchent de mentir.

REMARQUE

1. Presque ne perd son e final que dans son composé presqu'île ; mais on écrit : presque usé, presque achevé.

2. Il faut avec cette conjonction éviter les équivoques, et ne pas imiter cette phrase d'Arnaud : " C'est une faute qui se trouve presque dans toutes les éditions de Cicéron. " Il fallait dire : " Qui se trouve dans presque toutes les éditions de Cicéron. "

3. Ne dites pas : c'est l'avis de presque tous les casuistes, dites : c'est l'avis presque de tous les casuistes, Chifflet, Gramm. p. 37. Cette prescription n'est plus observée.

HISTORIQUE

XIIIe s. Les coustumes sont presque corrompues, Du Cange, castellaria. Près [je] sui qu'en autel [tel] point com pinçon ou aloe [alouette]…, Berte, XXXIII. Comment t'est-il ! - à dolor vif [je vis à douleur] ; Presque ge n'ai pas le cuer vif, la Rose, 10452.

XVe s. Ils estoient assaillis si roide, que presque les trois parts de la ville estoient à cet assaut, Froissart, I, I, 248.

XVIe s. Il y arriverent tous deux presques en un mesme temps, Amyot, Timol 16. Le reste fit sa retraitte fort incommodé et presque tousjours aux mains, D'Aubigné, Hist. II, 201. …Que nostre vie aux fleurettes ressemble, Qui presque vit, et presque meurt ensemble, Ronsard, 958.

ÉTYMOLOGIE

Près, et que.