« pressant », définition dans le dictionnaire Littré

pressant

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

pressant, ante

(prè-san, san-t') adj.
  • 1Qui presse, qui serre. Et mouillant de ses pleurs le marbre de ses pieds [d'une statue], Que de ses bras pressants elle tenait liés, Racine, Brit. v, 8.
  • 2 Fig. Qui insiste sans relâche. Que vous êtes pressant ! Quoi donc ! vous en faut-il découvrir davantage ? Montfleury, Femme juge et partie, IV, 2. La surprise que ma résolution parut causer à Mme de Vambure, rendit M. de Dorsan plus pressant pour me retenir, Marivaux, Pays. parv. 6e part. Eh ! voilà le plus pressant petit drôle qui soit au monde, Brueys, Grondeur, I, 8.

    Il se dit, en parlant des choses, dans un sens analogue. Sous ce pressant remords il a trop succombé, Et s'est à mes bontés lui-même dérobé, Corneille, Cinna, IV, 2. Le pressant embarras d'une surprise extrême M'a tantôt inspiré ce honteux stratagème, Molière, Éc. des mar. III, 10. Il y a [dans une lettre de Bussy au roi]… des tours pour le porter à vous secourir qui ne sont que trop singuliers, trop pressants et trop véritables, Sévigné, à Bussy, 17 juin 1687. Et peut-être jamais de si pressants ennuis N'avaient autorisé le désordre où je suis, Th. Corneille, Maxim. III, 6. Et le temps dans mon cœur n'affaiblira jamais Le pressant souvenir de ses rares bienfaits, Th. Corneille, Ar. III, 4. N'est-ce pas vous enfin de qui la voix pressante Nous a tous appelés aux campagnes du Xanthe ? Racine, Iph. I, 3. Auguste ne laissa pas de demander au roi [Charles XII], en termes pressants, la grâce du Livonien, Racine, Charles XII, 3. Ma situation est véritablement pressante ; il faut que je prenne un parti, Genlis, Théât. d'éduc. Dangers du monde, II, 2.

    Une douleur pressante, une douleur aiguë et violente. Cette douleur pressante Que la mort d'un amant jette au cœur d'une amante, Corneille, Hor. v, 2.

  • 3 Fig. Qui presse, accable un adversaire, dans la discussion. Newton combat le cartésianisme, et il se montre aussi pressant dans cette attaque qu'il est solide dans les preuves de sa théorie, Sennebier, Ess. art d'observ. t. II, p. 32, dans POUGENS.

    Il se dit des choses en un sens analogue. À ces discours pressants que saurait-on répondre ? Boileau, Épître XI. Un sujet plus pressant excite mes alarmes, Racine, Athal. II, 4. Un des reproches les plus pressants et les plus ordinaires que les premiers apologistes de la religion faisaient autrefois aux païens…, Massillon, Carême, Immutab. de la loi. Cela est net, pressant et serré, et je bénis l'auteur de l'extrait, quel qu'il puisse être, D'Alembert, Lett. à Volt. 31 mars 1762.

  • 4Urgent, qui ne permet pas de délai. Et je satisferai des devoirs si pressants Par une haine obscure et des vœux impuissants ? Corneille, Cinna, I, 2. L'occasion, Néarque, est-elle si pressante ? Corneille, Poly. I, 1. Ordres pressants, Rotrou, Vencesl. III, 6. Qu'il vous avait fait saigner trois fois, et que votre mal était fort pressant et fort violent, Sévigné, 5 nov. 1684. Eh bien ! quel intérêt si pressant et si tendre à ce vieillard chrétien votre cœur peut-il prendre ? Voltaire, Zaïre, III, 6.
  • 5Qui presse, resserre l'idée. Perse, en ses vers obscurs, mais serrés et pressants, Affecta d'enfermer moins de mots que de sens, Boileau, Art p. II.

HISTORIQUE

XVIe s. Ceulx qui sont en si pressante crainte de perdre leur bien, Montaigne, I, 64.