« prophétie », définition dans le dictionnaire Littré

prophétie

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prophétie

(pro-fé-sie) s. f.
  • 1Prédiction faite par inspiration de Dieu. Pour prouver tout d'un coup les deux Testaments, il ne faut que voir si les prophéties de l'un sont accomplies en l'autre ; pour examiner les prophéties, il faut les entendre ; car, si on croit qu'elles n'ont qu'un sens, il est sûr que le Messie ne sera pas venu ; mais, si elles ont deux sens, il est sûr qu'il sera venu en Jésus Christ, Pascal, Pens. XVI, 4, édit. HAVET. Sous le règne d'Ozias, les saints prophètes, dont les principaux en ce temps furent Osée et Isaïe, commencèrent à publier leurs prophéties par écrit, et dans des livres particuliers, dont ils déposaient les originaux dans le temple, pour servir de monument à la postérité, Bossuet, Hist. I, 6. Quand vous lisez si souvent dans leurs écrits [des prophètes] que les rois entreront en foule dans l'Église… comme les rois vos ancêtres [le Dauphin fils de Louis XIV] se sont signalés plus que tous les autres en protégeant et en étendant l'Église de Dieu, je ne craindrai point de vous assurer que c'est eux qui de tous les rois sont prédits le plus clairement dans ces illustres prophéties, Bossuet, ib. III, 1. Le temps, fidèle interprète des prophéties, Bossuet, Variat. XI, 203.

    Prophétie d'Isaïe, prophétie d'Ézéchiel, etc. le recueil des prophéties faites par Isaïe, par Ézéchiel, etc.

  • 2Il se dit aussi des oracles chez les païens. Prophéties : le grand Pan est mort, Pascal, Pens. XXV, 164, édit. HAVET. Cette compilation informe de prophéties différentes [oracles sibyllins] fut imprimée pour la première fois l'an 1545 sur des manuscrits…, Voltaire, Dict. phil. Sibylle. À Delphes, ce fut à une fille qu'on accorda le privilége exclusif de monter sur le trépied ; et on fit ce choix parce qu'il semble, dit Diodore de Sicile, que le don de prophétie ait été de tout temps un attribut des vierges, Condillac, Hist. anc. III, 9.
  • 3 Par extension, prédiction faite par des gens qui prétendent lire dans l'avenir Les prophéties de Nostradamus.
  • 4 Fig. Annonce d'un événement futur faite par conjecture. En ce cas-là, madame, je suis persuadé qu'il y a bien plus de prophéties à faire que de conseils à donner : dites vos prophéties, repartit la reine, Retz, Mém. t. II, liv. III, p. 422, dans POUGENS. Vous souvient-il de tous les raisonnements qu'on faisait sur la guerre, et comme il devait y avoir bien des gens tués ? c'est une prophétie qu'on peut toujours faire sûrement, Sévigné, 234. En vérité, ma fille, je suis fort aise que, pour votre amusement et pour l'honneur de ma prophétie, Pauline soit devenue aimable et douce, et comme vous la souhaitiez, Sévigné, 28 sept. 1689. Entendez-vous ces paroles : et que ceux qui demeureront se dévorent les uns les autres ? ô prophétie trop réelle et trop véritablement accomplie ! Bossuet, Reine d'Anglet. Les sages le prévirent [qu'en ébranlant la religion en Angleterre, on ébranlerait la royauté] ; mais les sages sont-ils crus en ces temps d'emportement, et ne se rit-on pas de leurs prophéties ? Bossuet, ib. C'est dans la Médée de Sénèque qu'on trouve cette fameuse prophétie qu'un jour l'Amérique sera découverte, Voltaire, Comm. Corn. Rem. Médée, V, 3.

HISTORIQUE

XIIIe s. Prophetie est en quatre manieres : ou en faiz, ou en diz, ou en visions, ou en songe, Latini, Trésor, p. 54. Rois, la prophecie Qu'on dit ne ment mie : Que femme seult [a coutume] cest grever Qui ses barons sot amer [que son mari sut aimer], Hues de la Ferté, Romancero, p. 192. Et puis est avenu que la croiserie fu de petit esploit, selonc la prophecie de mon prestre, Joinville, 299.

XVIe s. Et chantoit on publiquement ceste ancienne prophetie des sibylles…, Amyot, Démosthène, 26.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. prophecia ; espagn. profecia ; ital. profezia, de προφητεία (voy. PROPHÈTE).