« prude », définition dans le dictionnaire Littré

prude

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prude

(pru-d') adj. f.
  • 1Il se dit d'une femme dont la vertu est difficile et hautaine, ou même d'une femme qui n'en a que les apparences affectées. L'exemple est admirable, et cette dame est bonne ! Il est vrai qu'elle vit en austère personne ; Mais l'âge dans son âme a mis ce zèle ardent, Et l'on sait qu'elle est prude à son corps défendant, Molière, Tart. I, 1. Un femme prude paye de maintien et de paroles ; une femme sage paye de conduite, La Bruyère, III. Qu'il faut souffrir quand on veut être prude, Et que, sans craindre et sans affecter rien, Il vaudrait mieux être femme de bien ! Voltaire, Prude, III, 10.

    S. f. Femme prude. Pour prude consommée en tous lieux elle passe, Molière, Mis. III, 3. Le métier de prude, Molière, Tart. I, 1. J'aime qu'avec douceur nous nous montrions sages, Et ne suis point du tout pour ces prudes sauvages Dont l'honneur est armé de griffes et de dents, Et veut, au moindre mot, dévisager les gens, Molière, ib. IV, 3. Les prudes sont la société la plus convenable aux jeunes personnes, Maintenon, Lett. à M. d'Aubigné, t. I, p. 167, dans POUGENS. Que tout homme qui prend une prude pour femme Devient un sot monsieur gouverné par madame, Dufresny, Mariage fait et rompu, I, 2.

    Au masculin (qui n'est plus usité). Un jour, dans le cercle, un prude l'abordant lui fit un grand éloge de Mme de Guercheville, Racan, Vie de Malherbe. On y voyait une demi-douzaine De prudes aspirants à la perfection, Qui formaient sans scandale un brelan flegmatique… Ils tâchaient, disaient-ils, de gagner…, Saint-Glas, Contes (1672) dans le Chasseur bibliographe, 2e année, n° 8.

  • 2 Par extension, qui a une manière d'être comparée à celle de la femme prude. L'un et l'autre, à mon sens, ont le cerveau troublé, Répondra, chez Fredoc, ce marquis sage et prude, Boileau, Sat. IV. L'oiseau madré la connut à la mine, à son œil prude, ouvert en tapinois, Gresset, Ver-vert, III. Suivant la coutume des oreilles prudes, Genlis, Mères riv. t. I, p. 230, dans POUGENS.

HISTORIQUE

XIIIe s. Il n'[y] a plus prude femme jusqu'à la mer salée, Berte, XVI. Et les doit on metre en la garde d'aucune prode feme du lignage, Beaumanoir, XV, 31.

XVe s. Cette dame, qui estoit moult humble et preude femme…, Froissart, I, I, 49.

ÉTYMOLOGIE

Prude ou prode, féminin de l'adjectif preux (voy. ce mot) ; aussi n'a-t-il originairement qu'un sens favorable et est-il féminin.