« raisonnement », définition dans le dictionnaire Littré

raisonnement

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

raisonnement

(rè-zo-ne-man) s. m.
  • 1La faculté ou l'action de raisonner. C'est un homme d'un raisonnement profond, juste, solide. Raisonner est l'emploi de toute ma maison, Et le raisonnement en bannit la raison, Molière, Femm. sav. II, 7. Ceux qui sont accoutumés à juger par le sentiment ne comprennent rien aux choses de raisonnement, Pascal, Pens. VII, 33, éd. HAVET. C'est en vain que le raisonnement, qui n'y a point de part [à la connaissance des premiers principes], essaye de les combattre, Pascal, ib. VIII, 6. La foi est un don de Dieu ; ne croyez pas que nous disions que c'est un don de raisonnement, Pascal, ib. XXV, 40.

    Terme de philosophie. Se dit, en général, d'une opération de l'esprit par laquelle, un jugement ou plusieurs jugements étant donnés, on en fait sortir un autre jugement.

  • 2Enchaînement de divers arguments. C'est un raisonnement bien mauvais que le vôtre, Corneille, Hor. III, 4. Pour moi, je ne vois goutte en ce raisonnement, Corneille, Nicom. III, 4. L'animal chargé d'ans, vieux cerf, et de dix cors, En suppose un plus jeune, et l'oblige par force à présenter aux chiens une nouvelle amorce ; Que de raisonnements pour conserver ses jours ! La Fontaine, Fabl. X, 1. J'attends que ton raisonnement soit fini, Molière, D. Juan, III, 1. Je sais que vous parlez, monsieur, le mieux du monde ; En beaux raisonnements vous abondez toujours, Molière, Mis. V, 1. Je ne viens point, madame, opposer a vos plaintes De faux raisonnements, ou d'injustes contraintes, Th. Corneille, Ariane, V, 6. Écoutez à ce propos le profond raisonnement non d'un philosophe qui dispute dans une école ; je veux confondre le monde par ceux que le monde révère le plus, Bossuet, Duch. d'Orl. En vain vous étalez une scène savante ; Vos froids raisonnements ne feront qu'attiédir Un spectateur toujours paresseux d'applaudir, Boileau, Art p. III. Il se mit à faire quelques raisonnements sur l'état de ses affaires, Hamilton, Gramm. 9. Un syllogisme n'est pas un raisonnement, ce n'est qu'une certaine forme qu'on fait prendre à un raisonnement qu'on a déjà fait, Condillac, Gramm. Motif des étud. Œuv. t. V, p. CXXXIX, dans POUGENS.

    Familièrement. Des raisonnements à perte de vue, des raisonnements vagues, et qui ne concluent rien.

  • 3Paroles, discours. L'ingrat est-il touché de mes empressements ? L'amour même entre-t-il dans ses raisonnements ? Racine, Baj. II, 1.

    Observation, excuse plus ou moins motivée. Tant de raisonnements offensent ma colère, Racine, Andr. IV, 3.

    Familièrement. Point tant de raisonnements, façon d'exprimer qu'on veut être obéi sans réplique.

ÉTYMOLOGIE

Raisonner ; provenç. razonamen, rezonamen ; anc. cat. rahonament ; espagn. razonamiento ; ital. ragionamento.