« recru », définition dans le dictionnaire Littré

recru

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

recru, ue [1]

(re-kru, krue) adj.
  • Excédé de fatigue. Il n'est plus courtisan de la cour si recru, Pour faire l'entendu, qu'il n'ait…, Régnier, Sat. X. Des troupes recrues et harassées, Perrot D'Ablancourt, Tac. 296. Il y aura de la différence entre les esprits d'un animal qui aura sa vigueur entière et ceux d'un animal déjà épuisé et recru, Bossuet, Connaiss. V, 13. Le voilà chasseur s'il tirait bien : il revient de nuit mouillé et recru sans avoir tué, La Bruyère, VII. Elle se plaint qu'elle est lasse et recrue de fatigue, La Bruyère, XI.

HISTORIQUE

XIIe s. Et s'il vous fait requerre chevage ne treü [tribut], Ne soiomes pour ce maté ne recreü, Sax. XXVIII.

XIIIe s. Quant il furent el tertre amont, Li chien sont las, recreü sont, Ren. 1258.

XVe s. Mieux vaut que nous nous defendions de bonne volonté, que, en fuyant comme lasches et recreus, nous soyons pris et deconfits, Froissart, I, I, 327.

XVIe s. La fortune… comme si elle en eust esté recreue [de faveurs faites], Pasquier, Lett. VII, 10. On voyoit les autres incontinent recreuz et rompuz du travail, ou bien amolliz et enervez de delices, et luy au contraire invincible de l'un et de l'autre, Amyot, Caton, 10. Les reithres par ces deux furieuses charges avoient fort harassé et quasi recru leurs chevaulx, Carloix, VIII, 36. Jamais François ne furent veus recreus de bien faire, Cotgrave

ÉTYMOLOGIE

Recreu, part. de l'anc. verbe recroire, bas-latin recredere se, (de re, et credere, croire, confier), se remettre, se rendre, et par conséquent être rendu, las de corps, faible de courage ; comparez ἀπαγορεύω, proprement dire non, et, par suite, être rebuté, harassé. Provenç. recrezut, ital. recreduto. L'ancienne langue avait aussi le part. présent recreant, qui s'est conservé dans le picard : ercrant, las. Ce terme énergique avait aussi son substantif, recreantise.