« remémorer », définition dans le dictionnaire Littré

remémorer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

remémorer

(re-mé-mo-ré) v. a.
  • 1Remettre en mémoire une chose. Tu veux, en les niant, qu'on te les remémore, Mairet, Solim. IV, 4. Berthe au conseil alors remémora, Qu'au chevalier on pouvait faire grâce, Voltaire, Ce qui plaît, etc. Quelques-uns ont été marqués par un tel sentiment de bien-être, qu'en les remémorant, j'en suis affecté comme si j'y étais encore, Rousseau, Conf. III.

    Se remémorer, remémorer à soi. Je me suis remémoré tout ce que vous avez raconté. Elle s'est remémoré vos paroles.

  • 2Remettre quelqu'un en mémoire. Je l'ai remémoré de son rendez-vous.

HISTORIQUE

XIe s. De plusiors choses à remembrer li prist, Ch. de Rol. CLXXIII.

XIIe s. Remembre lor [il leur souvient] des fiez [fiefs] et des honors, Ronc. p. 37.

XIIIe s. Li aucun se ramembrent bien de ce qu'il ont veü en lor enfance, Beaumanoir, XXXIX, 55.

XIVe s. Tu quiconques es ou seras prince, remembre toy que tu doys savoir ces peuples gouverner, Oresme, Prol.

XVIe s. De Fornoue remembrant le passaige, Dont en son cueur saignoit encor la playe, Marot, J. V, 87. Tant plus la chose seroyt remembrée, tant plus elle plairoyt à vos seigneuries, Rabelais, Garg. I, 1. En la cene de nostre Seigneur, quand nous annonçons et rememorons sa mort, Calvin, Inst. 1160. Ce que j'en dis, sire, n'est à autre fin que pour rememorer Votre Majesté des choses passées, Carloix, V, 29. Il s'en est veu [des éléphants] qui, en leur privé, rememoroient leur leçon, et s'exerceoient, par soing et par estude, pour n'estre tansez et battus de leurs maistres, Montaigne, II, 175.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. rememorar, remembrar ; anc. espagn. remembrar ; ital. rimembrare ; angl. to remember ; du lat. rememorare, de re et memorare (voy. MÉMORABLE). Le latin rememorare a donné régulièrement dans l'ancien français remembrer, par la suppression de l'o bref et l'intercalation ordinaire d'un b entre la nasale em et la liquide r. Remembrer a subsisté seul jusqu'au XIVe siècle ; il est employé, dans le XVIe, concurremment avec remémorer, qui a fini par le supplanter sans raison. H. Estienne (dans la Précell. p. 45) dit : « Au lieu de se rememorer, nos romans disoient se remembrer. »