« rire.2 », définition dans le dictionnaire Littré

rire

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

rire [2]

(ri-r') s. m.
  • 1Action de rire, ou, dans le langage de la physiologie, série de petites expirations saccadées, plus ou moins bruyantes, dépendant, en grande partie, de contractions du diaphragme, et accompagnées de contractions également involontaires des muscles faciaux. Le rire va quelquefois jusqu'aux convulsions ; on dit même que quelques personnes sont mortes de rire ; j'ai peine à le croire, et sûrement il en est davantage qui sont mortes de chagrin, Voltaire, Dict. phil. Rire. Ceux qui cherchent des causes métaphysiques au rire ne sont pas gais ; ceux qui savent pourquoi cette espèce de joie qui excite le ris, retire vers les oreilles le muscle zygomatique, l'un des treize muscles de la face, sont bien savants, Voltaire, ib. Mais le rire vous prend, et cela ne vaut rien, Piron, Métrom. III, 8. Le rire et les pleurs sont des signes particuliers à l'espèce humaine pour exprimer le plaisir ou la douleur de l'âme, Buffon, Hist. nat. Homme, Œuvr. t. IV, p. 183. Qui de vous n'a pas regretté cet âge où le rire est toujours sur les lèvres ? Rousseau, Ém. II. Au ton dont il s'explique, à son air où l'on voit, dans un rire ironique, L'estime de lui-même et le mépris d'autrui, Gresset, Méchant, I, 5. Lycurgue… n'était pas un cénobite misanthrope qui prît plaisir à tourmenter les hommes ; il a élevé des autels au rire et à la gaieté, Condillac, Étud. hist. I, 5. Le rire bien franc et bien naturel vaut mieux pour eux [les enfants] que tous les médicaments du monde, Genlis, Maison rust. t. II, p. 245, dans POUGENS. Pour ces penseurs profonds le rire est trop bourgeois, Delavigne, Coméd. I, 7. La tristesse a deux manières de s'exprimer, le rire et les larmes ; et de ces deux formes de la tristesse, les larmes ne sont pas toujours la plus triste, Louis Blanc, Temps du 9 janv. 1864, sur Thackeray.

    Fou rire, ou rire fou, rire dont on n'est pas le maître. J'ai eu dans la journée deux fous rires pour des causes très diverses. Oubliant tout jusqu'à leurs chaînes, Nos gens poussent des rires fous, Béranger.

    Un rire inextinguible, un rire qui ne peut être arrêté.

    Un gros rire, un rire bruyant et prolongé. Le gros rire qui lui prit, de la frayeur de tout le peuple, ne se peut exprimer, Comte de Caylus, Féeries, Œuv. t. VIII, p. 365, dans POUGENS.

    Un rire homérique, voy. HOMÉRIQUE.

  • 2Il se dit aussi des contractions semblables au rire qu'excitent le désespoir, une douleur qui déchire. Ce rire du désespoir est l'effet le plus difficile et le plus remarquable que le jeu dramatique puisse produire, Staël, Corinne, XVII, 4. Ce rire déchirant qui suppose ou l'ignorance de tous les maux de la vie, ou tant de douleur au fond de l'âme, qu'aucune forme de la mort ne peut plus épouvanter ! Staël, ib. I, 4.
  • 3 Terme de médecine. Rire sardonique ou sardonien, sorte de spasme convulsif dans les lèvres et les joues, ainsi appelé parce qu'on l'observait, disait-on, chez les individus qui mangeaient une espèce de renoncule qui croît en Sardaigne.

    Fig. Un rire sardonique se dit d'un rire à contre-cœur et par grimace, ou, plus souvent, d'un rire amer. Le rire sardonique, qui est la grimace de ceux qui meurent de faim, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 4 août 1767.

    Rire sardonique, se dit aujourd'hui pour rire ironique.

HISTORIQUE

XVIe s. Je ne puis tantost plus arracher un pauvre rire de ce meschant corps, Montaigne, III, 307.

ÉTYMOLOGIE

Rire 1.